Le président cubain Raul Castro a réitéré sa disposition à ouvrir un dialogue avec Washington, lors d'une rencontre avec des parlementaires américains qui ont conclu mardi une visite de cinq jours visant à amorcer un rapprochement avec Cuba en étant reçus par Fidel Castro.

Selon la Section des Intérêts américains à La Havane, trois des sept membres de la délégation, qui prône un dégel dans les relations avec Cuba par l'administration de Barack Obama, ont été reçus par Fidel Castro, 82 ans, le fondateur du régime qui reste influent malgré sa «retraite médicale».

Le groupe de démocrates s'était entretenu la veille pendant quatre heures et demie avec Raul Castro, 77 ans, une première depuis que celui-ci a succédé en février 2008 à son frère Fidel à la tête de l'Etat communiste, sous embargo américain depuis 1962.

«Divers sujets ont été abordés (lundi) au cours de ce vaste échange, avec en ligne de mire la possible future évolution des relations bilatérales et des liens économiques, après l'arrivée au pouvoir de la nouvelle administration américaine», a rapporté un communiqué officiel cubain.

Alors que l'administration américaine a déjà approuvé un allègement de certaines sanctions, le général Raul Castro a réitéré sa «disposition à dialoguer sur tous les sujets, avec comme unique condition l'égalité souveraine des Etats et le respect absolu de l'indépendance nationale».

Les sept membres de la Chambre des représentants, qui effectuaient la première visite du genre à Cuba depuis juin 2007, doivent remettre un rapport au président Obama et au Département d'Etat, avant le Sommet des Amériques qui a lieu du 17 au 19 avril à Trinité-et-Tobago. Mais sans la présence de Cuba, dont la suspension en 1962 de l'Organisation des Etats américains (OEA) est aujourd'hui très contestée.

Selon des sources concordantes à Washington, M. Obama devrait faire une annonce sur Cuba juste avant ce sommet.

«Notre conclusion est (...) que les deux pays profiteraient d'un commerce bilatéral» et d'une normalisation des relations, a déclaré Barbara Lee, leader de la délégation en ajoutant: «il est temps de parler avec Cuba».

Les Etats-Unis sont déjà les premiers fournisseurs de denrées alimentaires à Cuba, ces produits n'étant pas soumis au régime d'embargo.

Figure légendaire de l'«anti-impérialisme» américain mais plutôt favorable à Barack Obama, Fidel Castro a rapporté dans un éditorial certains propos de congressistes qui estiment, a-t-il écrit, que «la levée de l'embargo ou la normalisation totale des relations» pourrait entraver la réélection de Barack Obama si ce dernier souhaitait briguer un second mandat.

La fin de l'embargo ne semble d'ailleurs pas à l'ordre du jour.

Le vice-président américain Joe Biden a récemment lié la levée de l'embargo au respect des droits et libertés par Cuba, seul pays d'Amérique dirigé par un parti unique.

Barack Obama pourrait cependant encore alléger les restrictions sur les voyages à Cuba pour les Américains d'origine cubaine (1,5 million), qui peuvent actuellement s'y rendre une fois l'an contre tous les trois ans sous la précédente administration de George W. Bush.

«Le président a dit qu'il voulait permettre aux Américano-Cubains d'avoir plus de contacts (avec l'île). Ils sont les meilleurs ambassadeurs possibles», selon son conseiller spécial pour le Sommet des Amériques, Jeffrey Davidow.

Des parlementaires américains ont eux plaidé récemment en faveur d'une levée des restrictions sur les voyages à Cuba pour les touristes américains.

Une normalisation éventuelle des relations représenterait dans tous les cas un défi pour Cuba qui devra changer sa «rhétorique», a prévenu l'idéologue du Parti communiste, Armando Hart, au moment de l'élection de M. Obama.