Le nouveau président sud-africain Cyril Ramaphosa a promis vendredi à son pays un « nouveau départ » et l'éradication de la corruption, dans son premier grand discours depuis la fin du règne terni par les scandales de son prédécesseur Jacob Zuma.

« Nous devons mettre derrière nous toute la négativité qui a perturbé notre pays parce qu'un nouveau départ nous attend. Un fantastique départ est là », a lancé M. Ramaphosa devant le Parlement au grand complet.

Fidèle à ses promesses, le chef de l'État a confirmé sa volonté d'éradiquer la corruption qui a caractérisé l'ère Zuma.

« Cette année est l'année où nous allons inverser le cours de la corruption dans nos institutions publiques », a-t-il promis dans un tonnerre d'applaudissements.

M. Ramaphosa a promis d'engager le pays sur « un nouveau chemin de croissance, d'emploi et de transformation ».

Parmi ses priorités immédiates, il a cité l'emploi des jeunes, dont le taux de chômage frôle les 50 %. « Offrir à un nombre beaucoup plus grand de nos jeunes une place dans l'économie productive est une urgence absolue », a-t-il longuement insisté.

Il s'est également engagé à ramener la confiance des investisseurs et des marchés, qui ont sanctionné la fin du règne de Jacob Zuma par la dégradation de la note financière du pays.

À la tête de l'Afrique du Sud depuis près de neuf ans, M. Zuma, 75 ans, a été contraint mercredi soir de prendre la porte, lâché par son propre parti, le Congrès national africain (ANC).

L'arrivée de Cyril Ramaphosa suscite de fortes attentes dans une population dont la majorité vit toujours dans la pauvreté, un quart de siècle après la chute de l'apartheid.

« Capture de l'État »

En matière de corruption, le chef de l'État s'est réjoui de l'ouverture « prochaine », a-t-il dit, des travaux de la commission d'enquête judiciaire sur la « capture de l'État », qui désigne le pillage systématique des ressources publiques que son prédécesseur est accusé d'avoir couvert voire encouragé.

La famille Gupta, une fratrie d'hommes d'affaires proche de l'ex-président, en est devenue le symbole, soupçonnée de trafic d'influence, de détournement de fonds publics et de corruption de ministres.

Longtemps intouchable, elle est visée depuis cette semaine par une série d'opérations de la police. Un des frères, Ajay, introuvable, fait l'objet d'un mandat d'arrêt.

Au-delà de son premier discours, le « camarade Ramaphosa » est attendu au tournant par l'opposition, déterminée à ne lui accorder ni carte blanche ni état de grâce.

« Nous ne pouvons pas perdre de temps pour relever les énormes défis auxquels la population est confrontée au quotidien », l'a prévenu jeudi dans l'hémicycle le chef de l'Alliance démocratique (DA), Mmusi Maimane.

« Vous ne vous débarrasserez du fléau de la corruption que si vous écartez du gouvernement tous ceux qui sont impliqués dans les affaires de "capture de l'État" et tous les incompétents », lui a suggéré Narend Singh, un élu de l'Inkatha Freedom Party (IFP).

« Une chose que Cyril Ramaphosa doit absolument annoncer, c'est le limogeage du ministre des Finances », a estimé pour sa part le chef des Combattants pour la liberté économique (EFF), Julius Malema. « L'architecte de la "capture de l'État" Malusi Gigaba ne doit pas présenter le prochain budget » mercredi devant le parlement, a-t-il insisté.

« Ramaphosa va probablement se débarrasser de tous les alliés de Zuma lors du remaniement, mais seulement après la présentation du budget », prédit l'analyste Darias Jonker, de Eurasia Group.