Environ 13 000 civils sud-soudanais ont trouvé refuge dans les deux bases de l'ONU à Juba, a annoncé la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (MINUSS), dans un communiqué mardi, alors que les combats entre factions rivales de l'armée, qui ont déjà fait au moins 66 morts parmi les militaires, se poursuivaient.

Au moins 66 soldats sud-soudanais ont été tués durant les combats en cours depuis dimanche soir à Juba, a annoncé un médecin d'un hôpital militaire de la capitale sud-soudanaise à une radio locale pilotée par l'ONU.

«Nous avons perdu sept soldats, décédés pendant qu'ils étaient soignés parce qu'ils avaient perdu beaucoup de sang (...) et 59 qui sont morts à l'extérieur» et ont été emmenés à la morgue de l'hôpital, a déclaré le Dr Ajak Bullen sur l'antenne de Radio-Miraya.

Dans la matinée le secrétaire d'État sud-soudanais à la Santé Makur Korion, avait de son côté fait état d'au moins 26 personnes - civils et militaires - tuées à Juba depuis le début des combats dimanche soir et environ 140 blessées.

Il n'était pas clair si le second bilan prenait en compte des morts de l'hôpital militaire.

Selon le communiqué de la MINUSS, la représentante de l'ONU au Soudan du Sud, Hilde Johnson, a appelé mardi les Sud-soudanais, et notamment les belligérants à Juba, à éviter toute violence basée sur l'appartenance communautaire.

«Il est crucial que l'actuelle violence ne prenne pas des dimensions ethniques», indique la MINUSS dans ce communiqué.

«À un moment où l'unité parmi les Soudanais du Sud est plus nécessaire que jamais, j'appelle les dirigeants de ce nouveau pays et toutes les factions et partis politiques, ainsi que les responsables de communautés à éviter toute action qui alimente les tensions ethniques et exacerbe la violence», a déclaré Mme Johnson, citée dans ce texte.

«Alors que le Soudan du Sud lutte pour surmonter l'actuelle crise, la Mission (de l'ONU) exhorte tous les citoyens et les dirigeants à se garder de tout acte incendiaire ou violence contre des communautés en particulier», selon ce communiqué.

La MINUSS, qui «appelle les parties à chercher une issue pacifique à l'actuelle crise», indique continuer de «fournir une protection aux civils cherchant à se protéger de la violence».

«Tôt mardi matin, environ 10 000 civils avaient reçu protection dans les deux bases de la MINUSS à Juba», selon l'ONU, ajoutant que la clinique de l'ONU avait hospitalisé 39 patients, dont cinq enfants, au-delà de sa capacité prévue de 35 lits.

«La Mission prend toutes les mesures possibles pour assurer leur sécurité durant leur séjour dans les enceintes de la MINUSS».

PHOTO HAKIM GEORGE, REUTERS

Un char d'assaut de l'armée sud-soudanaise patrouille dans le centre de Juba, le 16 décembre. 

D'intenses combats se déroulent depuis mardi à Juba, entre factions rivales de l'armée sud-soudanaise. La veille, le président Salva Kiir avait affirmé avoir mis en échec une tentative de coup d'État, initié selon lui par son ancien vice-président et rival politique, Riek Machar.

Dix personnalités politiques arrêtés

Dix figures politiques sud-soudanaises, pour la plupart anciens ministres du gouvernement limogé en juillet, ont été arrêtées «en rapport avec le coup d'État déjoué» dimanche, a annoncé mardi le gouvernement du Soudan du Sud.

L'ancien vice-président Riek Machar, accusé par le président Salva Kiir d'avoir fomenté un coup d'État à l'origine des combats ayant opposé depuis dimanche soir des factions rivales de l'armée sud-soudanaise dans les rues de Juba, est recherché et en fuite selon le gouvernement.

Parmi les dix personnes arrêtées figurent huit anciens ministres du gouvernement limogé en juillet, dont Deng Alor Kuol (Affaires gouvernementales), Oyay Deng Ajak (Sécurité nationale), John Luk Jok (Justice), Gier Chuang Aluong (Routes et Ponts), Cirino Hiteng (Culture), Madut Biar Yel (Postes et Télécommunications), Kosti Manibe Ngai (Finances) et Majak Agot Atem (vice-ministre de la Défense).

Ancien proche collaborateur de Salva Kiir et figure de l'ex-rébellion sudiste, Deng Alor Kuol, était au côté de Kosti Manibe, sous la menace d'un procès, accusés d'avoir détourné huit millions de dollars de fonds publics.

Selon le gouvernement, le gouverneur de l'État des Lacs, Chol Tong Mayay, a également été arrêté.

Cinq autres personnes recherchées sont en fuite, poursuit le gouvernement, parmi lesquelles Riek Machar et Pagan Amum, secrétaire-général suspendu du parti au pouvoir (SPLM) et ancien négociateur en chef lors des longs pourparlers avec Khartoum sur les questions non réglées par l'accord de paix de 2005 ayant mis fin à la guerre civile.

Figurent également parmi les suspects en fuite, Taban Deng Gai, ex-gouverneur de l'État pétrolier d'Unité, et Alfred Lado Gore, ministre de l'Environnement du gouvernement limogé en juillet, ancien conseiller de Salva Kiir et figure historique de la rébellion sud-soudanaise.

«Ceux encore en fuite seront appréhendés, d'après nos sources certains ont quitté Juba en direction du (...) nord de la capitale», a déclaré le ministre sud-soudanais de l'Information, Michael Makuei, cité par le site officiel du gouvernement.