Des combats entre milices paysannes d'«autodéfense» et ex-rebelles désormais au pouvoir à Bangui ont fait quatre morts samedi près de Bouar, dans l'ouest de la Centrafrique, a-t-on appris de source militaire.

Ces milices «anti-balakas» (anti-machettes), «munies d'armes de guerre et de machettes, ont encerclé la ville» tôt samedi et des tirs ont été entendus «dans plusieurs endroits de Bouar», ville située à environ 400 km au nord-ouest de Bangui, dans une région considérée comme acquise à l'ex-président François Bozizé, renversé le 24 mars par la la coalition rebelle Séléka de Michel Djotodia, investi le 18 août président de transition, a expliqué cette source.

Ces combats opposant les miliciens aux ex-rebelles Séléka intégrés dans les forces de défense centrafricaines «ont fait quatre morts parmi les groupes d'autodéfense et plusieurs blessés dans les deux camps», a affirmé la même source, ajoutant que le calme était revenu dans la ville dans la journée.

Les habitants qui n'avaient pu fuir avant l'arrivée des milices s'étaient terrés chez eux. «Les assaillants ont encerclé la ville. Nous sommes bloqués. On ne sait dans quelle direction fuir», avait affirmé Maxime Lalaï, un habitant de Bouar, en fin de matinée.

Un commerçant musulman de Bouar, Awalou Mamadou, disait craindre des violences ciblées envers la communauté musulmane de la ville majoritairement chrétienne, et estimait le nombre des assaillants à «entre 300 et 500 hommes».

Les exactions sans fin d'ex-rebelles ont provoqué des violences intercommunautaires qui menacent de prendre un tour religieux entre chrétiens, qui constituent la grande majorité de la population, et musulmans. Les combattants qui formaient les rangs de l'ex-rébellion se revendiquent de confession musulmane et M. Djotodia est le premier président musulman de l'histoire du pays.

Ces exactions ont également provoqué une très grave crise humanitaire dans une population déjà éprouvée par des années de troubles et de rébellions.

Depuis le renversement du régime Bozizé, la population du pays «vit une tragédie», selon l'ONU, qui insiste sur le rétablissement de la sécurité dans le pays, dont 10% des cinq millions d'habitants ont été déplacés par le conflit.

Sous pression internationale, le président Djotodia a dissout la Séléka et cherche depuis à neutraliser les chefs des bandes armées qui en faisaient partie et qui ont multiplié les exactions.

Une force africaine - qui compte actuellement 2.500 soldats sur un total prévu de 3.600 - tente d'y rétablir la sécurité et de désarmer ces hommes. Mais son action est limitée par des difficultés logistiques et financières.

Lundi, un sommet des dix pays membres de la Communauté économique des États d'Afrique centrale (CEEAC) a ordonné à cette force de désarmer «sans délai» et par la force si nécessaire «tous les éléments armés étrangers» qui martyrisent une population livrée aux crimes de bandes armées.

En réclamant des moyens conséquents pour la Misca, les pays d'Afrique centrale se placent sur le même terrain que la France, l'ancienne puissance coloniale qui est montée en première ligne au Conseil de sécurité de l'ONU afin d'obtenir un renforcement du mandat de la force et se dit prêt à augmenter le nombre de ses troupes dans le pays. Paris a un détachement de 400 soldats qui contrôlent l'aéroport de Bangui, mais ne participent pas aux opérations de la Misca.