Les négociations entre les autorités maliennes et les groupes armés touareg occupant la ville de Kidal (nord-est), prévues initialement vendredi, s'ouvriront finalement samedi à Ouagadougou, a-t-on appris de source proche de la médiation burkinabè.

«Les négociations débutent demain (samedi)», a indiqué à l'AFP cette source. Le président Compaoré reçoit à 10H00 (locales) des représentants de la communauté internationale (ONU, Union africaine, France, Suisse, etc.) puis «à 11H00 il ouvre les négociations avec les parties maliennes», a-t-elle précisé. Destinées à trouver un accord en vue de la présidentielle de juillet, ces discussions ont été retardées après des exigences de dernière minute de Bamako, selon une source diplomatique.

La délégation commune du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), les mouvements touareg, avait pris place dans la grande salle du palais présidentiel censée abriter les discussions, de même que nombre de diplomates (ONU, Union africaine, France, Suisse, etc.).

L'ancien ministre Tiébilé Dramé, émissaire de Bamako pour le nord du Mali, est finalement arrivé avec plus de deux heures de retard à Ouagadougou et a aussitôt demandé à être reçu par le médiateur, qui s'est entretenu avec lui en début de soirée.

Selon une source diplomatique, M. Dramé a demandé au président Compaoré que soient intégrés dans les négociations le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), un autre groupe armé, et la milice d'autodéfense Ganda Koy, loyaliste.

Les autorités maliennes réclament qu'ils participent aux discussions «en tant que groupes armés du Nord», mais si c'est le cas «le MNLA et le HCUA vont quitter la table des négociations», a affirmé la même source.

Pour la médiation et la communauté internationale, l'enjeu est de trouver un compromis pour permettre la tenue à Kidal, occupé par ces groupes touareg, de l'élection présidentielle prévue dans tout le Mali le 28 juillet, une élection réclamée avec insistance par les partenaires du Mali, France en tête.

Avant le report surprise, Bert Koenders, chef de la Minusma, la force de l'ONU qui doit prendre à partir de juillet le relais de la mission panafricaine déployée au Mali (Misma), avait exprimé son «grand espoir» que ces négociations aboutiraient à «des résultats positifs».

Le MNLA et les autres groupements touareg ont refusé jusqu'à présent à l'armée et à l'administration maliennes d'entrer dans Kidal, exigeant la sécurisation du scrutin par la Minusma.

Les mouvements touareg armés occupent cette ville, berceau de cette minorité ethnique, depuis fin janvier, après qu'une intervention militaire française a mis en fuite les groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda qui occupaient tout le Nord malien depuis 2012. Environ 200 soldats français sont stationnés à l'aéroport de la ville.

Les groupes touareg, qui furent un temps alliés aux jihadistes, ont opposé jeudi une fin de non-recevoir à la France en faisant savoir qu'ils ne déposeraient pas les armes «avant le règlement définitif du statut de l'Azawad», nom donné par ces autonomistes à la région septentrionale  du Mali.

La tension est brusquement montée cette semaine. L'armée malienne a créé la surprise en repartant en direction de Kidal et en délogeant, après de violents affrontements, le MNLA de la localité d'Anefis, à une centaine de kilomètres au sud.

Des arrestations et expulsions de Kidal de membres des communautés noires par le MNLA, qualifiées «d'épuration raciale» par le régime de Bamako, ont précipité la décision de l'armée de reprendre l'offensive.

Cependant, malgré des déclarations guerrières, elle s'est gardée de continuer sur Kidal : sous la pression de ses alliés extérieurs, le pouvoir malien laisse sa chance au dialogue.

Il faut un «délai» avant le retour de l'armée à Kidal pour ne pas compromettre une solution «très près» d'être trouvée, a estimé le président sénégalais Macky Sall dans un entretien publié sur le site internet du Figaro.

Si un accord intérimaire est trouvé sur Kidal, il restera ensuite à résoudre le problème de fond des relations entre l'État malien et sa région nord, irrédentiste depuis des décennies.

Une fois des autorités légitimes installées à l'issue de la présidentielle, devra se renouer un dialogue entre Bamako, qui ne veut pas entendre parler d'autonomie, mais de décentralisation, et les mouvements touareg emmenés par le MNLA, qui estime avoir fait beaucoup en renonçant à sa revendication d'indépendance.