L'armée nigériane ratissait mercredi la ville de Bama, dans le nord-est du pays, où les habitants restaient cloîtrés chez eux, au lendemain d'une série d'attaques menées par des insurgés islamistes lourdement armés qui ont fait 55 morts.

Des sources militaires ont indiqué que ces raids avaient été menés par environ 200 hommes du groupe islamiste armé Boko Haram, arrivés en ville à bord de bus et de voitures 4X4, équipées de lance-roquettes et de mitrailleuses.

Ces insurgés qui portaient des uniformes militaires ont fait un raid dans une prison, tuant 14 gardiens avant de libérer 105 prisonniers, a indiqué une source militaire dans l'État de Borno (nord-est).

«Des terroristes lourdement armés de Boko Haram» ont lancé des attaques vers 5 h locales contre des casernes de l'armée, commissariats de police et prisons, a affirmé le porte-parole militaire Musa Sagir, à Maiduguri - ville considérée comme le berceau du groupe Boko Haram - située à 67 km de Bama.

«Dans ces attaques, 55 personnes ont été tuées, dont deux soldats, des gardiens de prison, des policiers et des civils», a ajouté le porte-parole.

Leurs attaques - qui ont pris pour cibles des casernes, une prison et plusieurs postes et commissariats de police, mais également une clinique - ont paralysé cette ville commerciale.

«Seules quelques personnes se sont aventurées en dehors de leurs maisons», a déclaré un habitant de Bama, Musa Bra. «Des troupes sont partout dans la ville en train de patrouiller dans les rues.»

Cet habitant a expliqué que de nombreuses personnes avaient fui dans la savane après les attaques menées mardi.

Alors que certains habitants prenaient le risque de regagner leurs foyers, des militaires vérifiaient l'identité de toute personne entrant dans la ville, leur demandant si elles sont bien des civils et non pas des membres de Boko Haram, a ajouté cet habitant.

«Des militaires dans toute la ville»

«Tout le monde reste chez soi», a déclaré un autre habitant sous couvert d'anonymat. «Il n'y a que des militaires dans toute la ville.»

Un journaliste de l'AFP qui a visité Bama mardi avait constaté que les magasins, stations essence et marchés étaient fermés ainsi que la présence de carcasses de véhicules incendiés étaient visible le long de la route.

L'État de Borno - considéré comme une place forte de Boko Haram - a été le théâtre de nombreuses attaques depuis que le groupe armé a relancé son insurrection en 2009.

Mais les violences se sont également intensifiées au cours des récentes semaines.

Les raids menés à Bama surviennent après un bain de sang dans la localité de Baga, dans le nord-est du pays, où l'armée a affronté des membres présumés de Boko Haram à la mi-avril. Les combats ont fait environ 200 morts.

Les violences liées à l'insurrection de Boko Haram et leur répression par l'armée ont fait 3600 morts depuis 2009.

Le Nigeria - divisé entre un Nord à dominante musulmane et un Sud majoritairement chrétien - connaît régulièrement des violences inter-religieuses meurtrières, et le pays fait face en particulier à une insurrection de Boko Haram, très active dans le nord et le centre du pays.