Au Mali, le capitaine Amadou Sanogo qui a mené le coup d'État du 21 mars, est un héros pour plusieurs. Notre collaborateur a rencontré les Maliens qui soutiennent la junte qui a combattu des fidèles du président déchu, la semaine dernière.

Devant un rond-point où les militaires putschistes ont établi un poste de contrôle, Thibou Diallo et des amis prennent le thé. Ils sont une vingtaine à regarder les militaires tirer dans les airs lorsqu'une voiture refuse de rebrousser chemin.

Le retraité n'en démord pas: le capitaine Sanogo et ses Bérets verts - responsables du coup d'État du 21 mars dernier - sont des sauveurs. «On soutient la junte. Nos anciens dirigeants ne sont pas contents. Ils essaient de reprendre le pouvoir. Mais nous ne laisserons pas faire ça. La junte, c'est le pouvoir au peuple.»

M. Diallo n'est donc pas énervé de voir les militaires bloquer les différents axes de la capitale. Lundi dernier, des membres d'un bataillon aéroporté, fidèles au président renversé Amadou Toumani Touré, dit ATT, auraient tenté un contre-putsch. Si les faits restent imprécis, la victoire des Bérets verts a été claire: le camp du bataillon aéroporté est tombé aux mains des putschistes.

La situation reste tendue à Bamako et la capitale tourne au ralenti. Plusieurs commerces sont fermés. Les ambassades recommandent à leurs ressortissants de rester à la maison.

Le dernier espoir

Les derniers mois ont été difficiles pour les Maliens: la rébellion touareg et le coup d'État qui a suivi ont complètement paralysé le pays. Malgré tout, beaucoup de Bamakois continuent d'appuyer la junte.

Mahamoudou Dembelé, professeur dans la quarantaine, a confiance en la junte. «C'est l'ancien président ATT qui a fait souffrir les Maliens avec la corruption. On ne fait pas de politique au Mali, on ne fait que détourner de l'argent. Le coup d'État va nous permettre de nettoyer.»

Par l'entremise du capitaine Sanogo, les Maliens recherchent une fierté nationale perdue.

Mais tous ne sont pas sous le charme du capitaine. «La junte n'a rien fait pour la crise dans le Nord, dit calmement Chouaibou Maiga, qui attend l'autobus. Nos frères meurent et nos femmes se font violer.»