Un tribunal marocain a condamné à mort, vendredi, le principal suspect de l'attentat d'avril dernier à Marrakech, qui avait fait 17 morts.

Tous les autres accusés ont été reconnus coupables des accusations portées contre eux, mais ont reçu des peines moins sévères.

La salle de Cour a été plongée dans le chaos après l'annonce des verdicts, après cinq heures de délibérations. Les proches des accusés ont crié à l'injustice, tandis que les familles des victimes ont pleuré et se sont donné l'accolade.

Le principal suspect, Adel Al-Othmani, était accusé de s'être déguisé en touriste pour poser une bombe au café-restaurant Argana, très populaire auprès des touristes, puis d'avoir déclenché l'engin avec son téléphone portable. Il a notamment été reconnu coupable de meurtres prémédités et de fabrication d'explosifs et a été condamné à la peine de mort.

L'attentat du 28 avril a fait 17 morts, dont huit Français. Des Britanniques, des Suisses, des Portugais et des Marocains figuraient aussi parmi les victimes.

La cour a imposé une peine de prison à vie à l'associé d'Al-Othmani, Hakim Dah, et des peines de quatre ans de prison à quatre autres personnes accusées d'avoir eu connaissance du projet d'attentat. Trois autres accusés ont été condamnés à deux ans de prison.

La police a expulsé les familles des accusés de la salle, qui ont ensuite manifesté devant le tribunal. En état de choc, la soeur d'Al-Othmani s'est mise à se frapper la tête contre la vitre de la salle, avant d'être maîtrisée par ses proches.

«Nous avons vu notre frère le matin du 28 avril, a crié le frère d'Al-Othmani avec colère en sortant de la salle. Le Maroc est un pays qui tue, qui veut tuer mon frère», a-t-il crié dans la rue.

Avant l'annonce du verdict, Adel Al-Othmani et les autres accusés ont eu une dernière occasion de s'adresser à la cour. Ils ont tous clamé leur innocence.

«Ils ont arrêté un homme innocent pour régler leurs propres problèmes politiques», a dit Al-Othmani au juge. Ces arrestations surviennent alors que le Maroc est traversé par une vague de manifestations inspirées du Printemps arabe.

Abdel Hamid Bettar, un porte-parole des familles des accusés, a indiqué qu'il ferait appel de leur condamnation.

«C'est une injustice, mon frère n'a rien fait et les autres non plus», a-t-il dit, alors que d'autres proches des accusés criaient autour de lui.

Des proches des victimes ont assisté à toutes les séances de la cour et certains ont éclaté en sanglots, apparemment soulagés par le verdict. D'autres ont cependant exprimé leur colère quant aux peines moins longues imposées aux autres accusés.

«Dans quatre ans, ce seront eux qui mèneront le jihad et qui tueront des Européens, a dit Jacques Sombret. Ce n'est pas de la justice, c'est de la clémence.»

Les familles des victimes se sont toutefois dites opposées à la peine de mort. Personne n'a été exécuté au Maroc depuis 1993, mais il y a présentement 107 condamnés dans le couloir de la mort.

L'attentat d'avril dernier à Marrakech a créé une onde de choc au Maroc. Les autorités ont agi rapidement après l'explosion, arrêtant neuf personnes qui, selon elles, formaient une cellule terroriste inspirée d'Al-Qaïda, mais qui n'avaient pas nécessairement de lien avec l'attentat.

Les avocats de la défense ont affirmé que les dossiers montés contre leurs clients étaient basés sur des confessions obtenues par la torture et manquaient de preuves solides.

«En l'absence de preuves, les peines sont très sévères, a estimé l'un des avocats de la défense, Mohammed Sadko. Nous espérons que la cour d'appel les renversera.»