Le Conseil de sécurité de l'ONU a exprimé mardi sa «profonde préoccupation» concernant les retards dans l'organisation du référendum au Sud-Soudan, tandis que le chef des Nations unies a prévenu de risques d'élargissement du conflit entre le nord et le sud.

Lors d'une réunion ministérielle du Conseil de sécurité, celui-ci s'est dit «profondément préoccupé par l'intensification de la violence et de l'insécurité dans le Darfour», où l'ONU estime qu'il y a eu au moins 300.000 morts depuis 2003.

Quelque 55 jours avant les référendums au Sud-Sudan et dans la région d'Abyei, le Conseil de sécurité «se déclare préoccupé par les retards persistants observés dans le versement à la Commission (électorale) de l'intégralité des fonds nécessaires à la poursuite des préparatifs», a ajouté une déclaration du Conseil lue par le ministre des Affaires étrangères britannique William Hague.

Il a appelé à de nouveaux efforts pour s'assurer que le vote aura bien lien en temps et en heure, ce que beaucoup de diplomates à l'ONU estiment impossible.

Dans sa déclaration, le Conseil invite le gouvernement de Khartoum «à agir d'urgence» pour prendre les mesures nécessaires pour «garantir la tenue pacifique et rapide de référendums crédibles et libres dont les résultats reflèteraient la volonté de la population du Sud-Soudan et d'Abyei».

Le Conseil de sécurité «accueille avec satisfaction le début des inscriptions pour le référendum sur le Sud-Soudan» le 15 novembre.

Mais les autres préparatifs pour le scrutin sont très en retard tandis que les négociations entre le gouvernement d'Abyei et le gouvernement de Khartoum sont dans l'impasse.

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton n'a pas caché son inquiétude à propos des retards. «Il y a une quantité de travail énorme à fournir pendant ces 55 jours» avant le 9 janvier, a-t-elle dit.

«Le vote doit intervenir à temps et dans une atmosphère de calme» et «la volonté du peuple doit être respectée», a-t-elle ajouté.

Elle a rappelé que la guerre entre le nord et le sud s'était traduit par «deux millions de morts et des millions de déplacés» avant l'accord de paix de 2005.

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a de son côté souligné que la situation au Soudan «peut se transformer en un conflit plus large». Les risques, a-t-il dit, sont «spécialement élevés à Abyei».

Abyei est une petite région entre le nord et le sud riche en pétrole où les chances d'organiser un référendum à temps semblent des plus réduites.

«Peu de progrès ont été réalisés pour trouver une solution à l'impasse politique» à Abyei, a-t-il estimé.

«La présence de troupes des Nations unies ne serait pas suffisante pour prévenir le retour d'une guerre» a-t-il encore souligné.

Les résultats des référendums, qui peuvent se traduire par une partition du Soudan, «peuvent changer l'avenir du pays et envoyer des ondes de choc à travers toute la région», a-t-il ajouté.

Le référendum au Sud-Soudan est le point-clé de l'accord de paix global ayant mis fin en 2005 à 22 ans de guerre civile qui a fait deux millions de morts entre le Nord, musulman, et le Sud, en grande partie chrétien. Le Sud-Soudan devrait de l'avis des diplomates se prononcer pour l'indépendance, aboutissant alors à la partition du Soudan, le plus grand pays d'Afrique.

Au titre de chef de la diplomatie britannique, M. Hague a encore souligné que le Soudan était entré «dans une période de grands risques». «Nous demandons au nord et au sud à ne pas procéder à des déploiements militaires» qui puissent poser un risque d'escalade, a-t-il dit.