À 12 h 45, mon téléphone cellulaire se met à vibrer. Je regarde le numéro sur l'afficheur. C'est La Presse qui appelle. Comme il se passe souvent quelque chose de tragique aux États-Unis quand je suis en vacances, je me doute bien que c'est sérieux. De fait, une fusillade a fait au moins 20 morts dans une université de Virginie, m'apprend une collègue à l'autre bout du fil. «C'est loin de l'endroit où tu te trouves, la Virginie?» me demande-t-elle.

À une autre époque, j'aurais dit non. Mais je me retrouve dans l'île d'Amelia, au nord de Jacksonville (Floride), avec ma femme et mon garçon de 4 ans, à qui je parle de cette semaine de vacances depuis des mois. Je pense à la dernière fusillade que j'ai couverte dans cette école primaire du pays Amish, en Pennsylvanie, et à la toute première, dans cette école secondaire de Columbine, au Colorado. Cette fois-ci, le bilan de Virginia Tech - 33 morts - éclipse tous les autres.

Mon  garçon n'en saura rien. Je lui envie son innocence. Et je prie pour les victimes du massacre ainsi que pour leurs proches. Que puise-je faire de plus aujourd'hui?