Le New York Times fait état dans cet article de l'aveu du Conseil des gardiens : dans 50 villes iraniennes, la participation au scrutin présidentiel du 12 juin a été supérieure à 100%. Au moins trois millions de suffrages seraient donc suspects. Qu'à cela ne tienne : ces irrégularités ne constituent pas une violation de la loi iranienne et ne remettent pas en question la victoire de Mahmoud Ahmadinejad, selon le porte-parole du Conseil des gardiens. Celui-ci a expliqué que des électeurs ont peut-être voté dans une autre circonscription que celle où ils étaient inscrits. Un des quatre candidats à la présidentielle, Mishen Rezai, un conservateur, a estimé à 170 le nombre de villes où le taux de participation a excédé 100%.

L'aveu du Conseil des gardiens a été diffusé hier soir sur le site internet de Press TV, la chaîne anglaise de la télévision d'État iranienne. Elle a coïncidé avec la publication d'une analyse indépendante des résultats officiels concluant que la participation électorale a été supérieure à 100% dans deux provinces - Mazandaran et Yazd - le 12 juin. Qui plus est, dans un tiers des provinces iraniennes les résultats officiels ne sont plausibles que si Ahmadinejad a recueilli toutes les voix conservatrices et centristes, les suffrages de tous les nouveaux inscrits et jusqu'à 44% des voix des anciens électeurs réformateurs, selon cette étude statistique réalisée par le centre de recherches britannique de Chatham House.

Je cite deux extraits de l'étude, qui s'appuie sur les résultats officiels de cette année et ceux de la présidentielle de 2005, ainsi que sur le recensement de 2006 en Iran :

«En 2005, comme en 2001 et 1997, les candidats conservateurs, et Ahmadinejad en particulier, étaient nettement impopulaires dans les zones rurales. Dire que la campagne vote toujours conservateur est un mythe.» (...)

«En conclusion, certains aspects des chiffres officiels de la participation sont problématiques. La hausse massive par rapport à 2005, la disparition des disparités régionales, et l'absence de corrélation claire entre cette hausse de la participation et l'augmentation du soutien en faveur d'un candidat quel qu'il soit rendent ces résultats sujets à caution.»