Il s'agit d'un compromis qui s'est bâti sur quatre principes. Premièrement, on n'utilise jamais le mot «climat», qui est devenu un gros mot en Amérique. On fait plutôt référence aux émissions carboniques, en précisant qu'il faut nettoyer l'atmosphère de cette pollution. Deuxièmement, on impose un prix sur le carbone, en commençant par les centrales d'énergie, sans toucher au transport ou au secteur manufacturier. Troisièmement, les objectifs visés sont la sécurité énergétique et la création d'emplois. Et enfin, pour faire passer la pilule auprès des plus réticents, on accroît le forage pétrolier offshore et le développement du nucléaire.

Son explication du fonctionnement du Sénat est à la fois juste et savoureuse :

Il n'y a qu'un modèle pire que l'autocratie d'un seul parti à la chinoise, c'est la démocratie à un seul parti, comme celle qui sévit présentement aux États-Unis. Les Démocrates ont 59 sièges au Sénat, 60 si on inclut le vice-président qui se prononce lorsqu'il y a égalité des votes. En face, on retrouve les Républicains, dont la position se résume à dire «non». Cela signifie que l'adoption de n'importe quel projet de loi nécessite l'appui des 60 Démocrates. Or, que nous enseigne la réforme de la santé? Que les votes 1 à 50 coûtent cher, que les votes 50 à 59 coûtent une petite fortune et que le vote 60 fait exploser la banque! Donc, si vous êtes en mesure de convaincre ne serait-ce que 10 Républicains, vous n'êtes plus obligé d'éliminer d'importants morceaux de votre projet de loi pour arracher l'appui des Démocrates les plus récalcitrants. D'où le compromis, dans le projet de loi énergétique en cours d'élaboration, sur le forage pétrolier offshore et le nucléaire.

De toute évidence, Friedman n'a pas une haute opinion de la façon dont les républicains se comportent ces jours-ci :

Je crois que dans le contexte actuel, Obama voudra se lancer dans quelque chose de plus consistant. Car les Républicains, à l'heure actuelle, sont en train de violer la principale règle en politique: quand tu es dans un trou, cesse de creuser. Ils ont mordu la poussière en étant incapables d'empêcher l'adoption de la réforme de la santé et que promettent-ils pour sauver la face? De tout faire pour renverser cette décision. Complètement stupide! D'abord parce qu'avec le temps, les Américains s'attacheront de plus en plus à cette réforme, ensuite parce qu'ils aiment que leur président réussisse, qu'il soit fort. Un jour, les Républicains comprendront qu'ils doivent cesser de creuser. Et peut-être verront-ils le projet de loi sur l'énergie comme un excellent prétexte pour ranger leur pelle.