La Turquie, le plus proche allié d'Israël au Proche-Orient, pourrait rompre ses relations diplomatiques avec l'État hébreu si le gouvernement de Benjamin Netanyahu refuse de s'excuser pour le raid de lundi au cours duquel neuf citoyens turcs ont perdu la vie, de consentir à une enquête internationale et de lever le blocus de la bande de Gaza. C'est du moins ce qu'on peut lire dans un article publié aujourd'hui dans le New York Times qui cite l'ambassadeur de la Turquie aux États-Unis, Namik Tan :

«Israël est sur le point de perdre un ami; ce sera une erreur historique. L'avenir de notre relation sera déterminé par les actions d'Israël.»

L'article du Times fait également état des frictions entre les États-Unis et Israël après le raid du Mavi Marmara. L'ambassadeur d'Israël à Washington, Michael Oren, a notamment nié l'assertion du département d'État américain selon laquelle les États-Unis avaient averti les responsables israéliens d'agir avec prudence et retenue dans l'interception de la flottille internationale en route vers Gaza.

L'article évoque enfin les efforts américains pour ménager la Turquie sans condamner publiquement Israël. Le journaliste du Times évoque notamment l'intervention de la secrétaire d'État Hillary Clinton pour obtenir d'Israël la libération immédiate des passagers du Mavi Marmara et le rapatriement des morts. La Turquie ne demeure pas moins déçue du refus des États-Unis de condamner le raid des commandos israéliens.

Le New York Times publie en outre en première page le compte-rendu le plus complet du raid de lundi. J'en cite deux extraits dans le texte :

That the military was expecting mainly passive resistance is being seen in Israel as an intelligence failure. It could be viewed as a strange assumption given that Israel's defense minister, Ehud Barak, later characterized the Turkish group as a dangerous Islamic organization with terrorist links - a charge the organization rejects. (...)

In Istanbul, the activists had come home and Dr. Coskun was remembering the raid. He was bitter that commandos had not let him help a bleeding man, instead delivering occasional kicks, he said, and forcing the passengers to lie face down on the deck, handcuffed, for hours.

He was also angry at the young men who fought the commandos. He rebuked one of them for bragging about having beaten an Israeli.

"I told him, just because you wanted to flex your muscles and drag three soldiers down, nine people ended up dead."

But most of all he was stunned that the Israelis had used their guns on the activists.

"We expected them to come on board the ship, and to take us hostage, but we never thought they would use live bullets to do it," he said.

(Photo Reuters)