Bernard Drainville et Jean-François Lisée signent aujourd'hui une lettre dans le New York Times où ils répondent à la tribune publiée dans le même journal par le correspondant du magazine Maclean's au Québec, Martin Patriquin, qui voyait dans la Charte de la laïcité une dérive du Québec vers le territoire du Tea Party.

Or, écrivent les ministres péquistes dans le Times, cette Charte ne fait pas vivre au Québec un «épisode Tea Party» mais plutôt un «épisode Jefferson» puisque celle-ci «enchâsserait dans la loi le "mur de séparation entre l'Église et l'État" de Jefferson».

Mais le duo Drainville-Lisée peut-il être certain que Jefferson aurait approuvé l'interdiction du port de signes religieux par les employés de l'État?

Jefferson a évoqué pour la première fois ce «mur de séparation entre l'Église et l'État» dans une lettre adressée à des baptistes du Connecticut en 1802. Ce principe découlait selon lui du Premier amendement de la Constitution américaine selon lequel «le Congrès ne pourra faire aucune loi concernant l'établissement d'une religion ou interdisant son libre exercice».

Près de 200 ans plus tard, ce principe a conduit un certain William Jefferson Clinton à confirmer que le libre exercice de la religion autorisait les employés de l'État à porter des signes religieux ostentatoires. On trouve ici la directive qu'il a publiée sur le sujet en 1997.

Thomas Jefferson, faut-il le préciser, a été toute sa vie durant un grand défenseur de la liberté de religion. À qui pensez-vous qu'il donnerait son appui aujourd'hui? Aux ministres Drainville et Lisée ou au 42e président des États-Unis?