Le juge Roy Moore a retenu l'attention des médias américains et internationaux il y a une quinzaine d'années en installant dans le hall d'entrée de la Cour suprême de l'Alabama, à Montgomery, un bloc de granit de 2,5 tonnes au sommet duquel étaient gravées les tables des Dix Commandements. Élu en 2000 à la présidence de la plus haute instance de son État, il avait été démis de ses fonctions en 2003 pour son refus de retirer le monument comme lui avait ordonné un tribunal fédéral.

Douze ans plus tard, le magistrat fait de nouveau les manchettes aux États-Unis. Réélu en 2013 à la présidence de la Cour suprême de l'Alabama, il a émis hier soir une ordonnance interdisant aux juges des affaires familiales de l'État de délivrer des licences de mariage aux couples homosexuels, qui peuvent en faire la demande à compter d'aujourd'hui.

L'ordonnance du juge Roy fait suite à une décision rendue fin janvier par un juge fédéral qui a déclaré inconstitutionnelle l'interdiction du mariage gai inscrite dans la constitution de l'Alabama à la suite d'un référendum sur cette question. Et elle précède le refus de la Cour suprême d'arrêter ces mariages, une décision annoncée ce matin.

Selon certains experts cités dans cet article du New York Times, les arguments présentés par le juge Moore pour défier la décision du juge fédéral rappellent ceux que l'ancien gouverneur de son État, George Wallace, utilisait pour tenter de soustraire l'Alabama aux décisions des tribunaux  fédéraux invalidant les lois ségrégationnistes.

Reste à voir si les juges des affaires familiales de l'Alabama obéiront à l'ordonnance du juge Moore.

P.S. : Depuis ce matin, certains juges acceptent de délivrer des licences, d'autres pas, selon ce compte-rendu du Washington Post.