Une personne qui était d'âge adulte au début des années 80 doit aujourd'hui souffrir d'amnésie ou d'Alzheimer, ou encore faire preuve d'une ignorance crasse, pour ne pas se rappeler d'une des plus grandes torts de Ronald Reagan : son inaction et son silence face à l'épidémie du sida, qui a fait des dizaines de milliers de victimes durant sa présidence.

Une inaction et un silence qui ont mené à la création de l'association Act Up (Aids Coalition To Unleash Power), avec à sa tête Larry Kramer, une des nombreuses personnalités de la communauté homosexuelle qui appuyaient jusqu'à hier Hillary Clinton dans sa lutte face à Bernie Sanders.

Et pourtant, voici ce que l'ancienne secrétaire d'État a déclaré hier pendant que se déroulaient en Californie les funérailles de Nancy Reagan (voir le clip qui coiffe ce billet) : «Grâce au président et à Madame Reagan - en particulier à Madame Reagan -, nous avons commencé une conversation nationale sur le sida et le VIH». Et de poursuivre en rendant hommage au «très efficace mais discret engagement» de Nancy Reagan, qui a «influencé la conscience du public».

Larry Kramer, comme plusieurs autres anciens et nouveaux militants des droits des homosexuels, a réagi avec stupéfaction, colère et amertume à la déclaration de Clinton, laissant entendre qu'il pourrait lui retirer son appui si elle ne présentait pas des excuses convaincantes.

Quelques heures après sa déclaration, Clinton a présenté des excuses sur Twitter qui n'ont pas convaincu tout le monde: «Alors que les Reagan ont soutenu la recherche sur les cellules souches et les efforts pour guérir la maladie d'Alzheimer, je me suis mal exprimé au sujet de leur engagement sur le sida. J'en suis désolée.»

En s'excusant, Clinton a employé une expression (I misspoke) qui rappelle une des «gaffes» qu'elle a commises lors de sa première campagne présidentielle. Je parle de son récit trompeur ou mensonger de son arrivée sous les balles de tireurs embusqués à l'aéroport de Tuzla, en Bosnie, en 1996.

Reste à voir quel impact aura sa récente gaffe sur la suite de la course à l'investiture démocrate. Mardi, cinq États parmi les plus importants - l'Ohio, la Floride, l'Illinois, le Missouri et la Caroline-du-Nord - tiendront des primaires. La communauté homosexuelle a certes un poids politique limité mais la déclaration de la candidate sont susceptibles de renforcer les doutes sur son intégrité et son honnêteté. Il ne faudrait pas surprendre si celle-ci sent aujourd'hui le besoin de revenir sur le sujet.