Devin Nunes, président de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, se retire «temporairement» de l'enquête sur l'ingérence russe dans l'élection présidentielle américaine de 2016 et les liens entre des proches de Donald Trump et Moscou.

Dans une déclaration, Nunes attribue sa décision aux plaintes déposées par des «activistes de gauche» auprès de la commission d'Éthique de la Chambre. Ceux-ci l'accusent d'avoir enfreint la loi en communiquant des informations classifiées. Nunes réfute cette accusation mais juge préférable de quitter l'enquête sur l'affaire russe jusqu'à nouvel ordre pour ne pas devenir une «distraction».

Nunes a certainement compromis son indépendance et son intégrité le 22 mars dernier en se précipitant à la Maison-Blanche pour informer le président de l'existence de documents démontrant que des écoutes ciblant des ressortissants étrangers avaient conduit à l'identification («démasquage») de proches de Trump qui étaient mentionnés lors de communications interceptées ou qui étaient les interlocuteurs de personnes espionnées.

Des médias ont révélé que des responsables de la Maison-Blanche avaient permis à Nunes de consulter ces documents la veille. Nunes n'avaient pas partagé ces documents avec ses collègues de la commission du Renseignement de la Chambre avant d'en parler aux médias et au président.

Le démasquage révélé par Nunes n'a rien d'illégal - il s'agit plutôt d'une procédure bien encadrée et plutôt routinière. Qu'à cela ne tienne, la Maison-Blanche et ses alliés tentent de faire croire le contraire en accusant Susan Rice, ex-conseillère à la sécurité nationale de Barack Obama, d'avoir peut-être commis un crime en procédant à ce démasquage à des fins politiques et en faisant fuiter des informations classifiées aux médias.

Pour le moment, il ne s'agit que d'accusations infondées. Les critiques de Nunes, Trump et cie les soupçonnent de se livrer à une énième tentative de diversion pour reléguer au second plan l'affaire russe.

Un triumvirat composé de trois représentants républicains - Michael Conway (Texas), Trey Gowdy (Caroline-du-Sud) et Tom Rooney (Floride - sera chargé de piloter l'enquête.