Lors du deuxième mandat de Barack Obama à la présidence, un rare consensus a commencé à émerger chez les politiciens, intellectuels et militants progressistes et conservateurs autour de l'idée suivante : les longues peines d'emprisonnement pour des crimes non-violents liés à la drogue sont non seulement inefficaces et coûteuses mais également discriminatoires, les Noirs et les Latinos étant condamnés de façon disproportionnée.

L'administration Obama avait joué un rôle important dans la création de ce consensus. Le ministre de la Justice Eric Holder avait notamment annoncé en août 2013 un changement majeur dans l'application des lois administrant les crimes liés à la drogue. Il permettait ainsi aux procureurs fédéraux de ne pas préciser les quantités de stupéfiants dans les actes d'accusation de petits trafiquants.

Ce changement permettait aux procureurs de contourner les lois fédérales qui imposent des peines minimales obligatoires pour le trafic de certaines quantités de drogue. Il avait pour but de diminuer la population carcérale, de réduire les coûts d'incarcération et de corriger certaines injustices du système de justice.

Or ce changement a été aboli hier par le ministre de la Justice actuel, Jeff Sessions, qui prône un retour à la guerre contre la drogue comme on la concevait au plus fort des années Reagan.

Sessions estime que le retour des peines minimales permettra de contrer la hausse des homicides que certaines villes américaines ont connue au cours des deux dernières années. Une hausse qu'il lie au trafic de la drogue.

Je termine ce billet sur une déclaration d'Eric Holder :

«Un cercle vicieux de pauvreté, de criminalité et d'incarcération piège trop d'Américains et affaiblit trop de communautés. En revanche, certains aspects de notre système de justice exacerbent plutôt ce problème plutôt que de l'atténuer.»