En fait, sur Twitter hier soir, le point d'interrogation qui ponctue le titre de ce billet était remplacé dans plusieurs gazouillis par un point d'exclamation. Point d'exclamation qui illustrait l'émotion ou l'enthousiasme avec lesquels plusieurs téléspectateurs ont accueilli le discours qu'Oprah Winfrey a prononcé en recevant le prix Cecil B. DeMille pour l'ensemble de sa carrière lors de la cérémonie des Golden Globes.

Après ce discours annonçant une «aube nouvelle» pour les femmes, l'animatrice et femme d'affaires a déclaré à Bloomberg qu'elle ne prévoyait pas briguer la présidence en 2020, la formulation classique de celui ou celle qui ne veut pas fermer la porte à une telle possibilité. Son partenaire, Stedman Graham, a été beaucoup moins circonspect. «Cela dépend des gens. Elle le ferait absolument», a-t-il dit au Los Angeles Times.

Évidemment, dans un pays où Donald Trump n'était pas président, l'idée qu'Oprah Winfrey pourrait se lancer à la conquête de la présidence sans aucune expérience politique ou gouvernementale préalable prêterait au ridicule. D'aucuns ne manqueront d'ailleurs pas de se moquer de la chose. Mais autant de personnes sinon plus se sont mises à rêver hier soir en voyant cette Afro-Américaine élevée à Milwaukee par une femme de ménage et ayant atteint les sommets de la gloire et de la fortune tout en demeurant un modèle de compassion, d'ouverture et de dignité.

Je cite des extraits de son discours où, en faisant allusion au mouvement #MeToo, elle notamment dénoncé «une culture brisée par des hommes puissants et brutaux» et salué le travail de la presse :

«Depuis trop longtemps les femmes n'ont pas été entendues ou crues si elles osaient dire la vérité face au pouvoir des hommes. Mais c'est fini pour eux! C'est fini pour eux.» (...)

«Donc, je veux que toutes les jeunes filles qui regardent maintenant sachent qu'une aube nouvelle se profile à l'horizon. Et lorsque cette nouvelle aube sera finalement arrivée, ce sera parce que de nombreuses femmes magnifiques - dont de nombreuses sont dans cette salle ce soir - et quelques hommes plutôt phénoménaux, se battent durement pour s'assurer qu'elles deviendront les leaders qui nous conduiront vers une époque où plus personne n'aura jamais à dire 'MeToo'.» (...)

«C'est l'insatiable dévouement de découvrir la vérité absolue qui nous empêche de fermer les yeux sur la corruption et l'injustice. Je veux dire que j'attache de l'importance à la presse plus que jamais auparavant tandis que nous essayons de naviguer dans ces temps complexes.»

En mars 2017, un sondage Quinnipiac illustrait la popularité d'Oprah Winfrey auprès d'un large éventail d'Américains, comme l'illustre le tableau ci-dessous. Mais pas moins de 69% d'entre eux n'étaient alors pas favorables à une candidature présidentielle de sa part.