Le président iranien Hassan Rohani a assuré mardi à la tribune de l'ONU que son pays ne représentait «absolument pas une menace pour le monde», appelant Barack Obama à ignorer les va-t-en-guerre et à privilégier la négociation.

«Si (les États-Unis) évitent de suivre les intérêts à court terme des groupes de pression pro-guerre, nous pouvons trouver un cadre dans lequel gérer nos différences», a-t-il déclaré lors de son discours devant l'assemblée générale de l'ONU, quelques heures après celui de son homologue américain.

«La république islamique d'Iran agira de manière responsable concernant la sécurité régionale et internationale», a poursuivi M. Rohani dans ce qui constitue sa première grande sortie internationale depuis son élection le 14 juin.

Le nouveau président iranien a aussi dénoncé avec virulence les sanctions dont son pays fait l'objet.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a voté six résolutions, dont quatre assorties de sanctions, pour contraindre Téhéran à suspendre certaines activités nucléaires, l'Occident soupçonnant que le programme nucléaire civil iranien dissimule une volonté de se doter de l'arme atomique. Elles ont été renforcées par un embargo financier et pétrolier des Etats-Unis et de l'Union européenne.

L'Iran «est prêt à coopérer (...) de manière bilatérale et multilatérale avec d'autres acteurs responsables», a poursuivi M. Rohani, qui a une nouvelle fois affirmé que son pays entendait utiliser l'énergie nucléaire «à des fins exclusivement pacifiques».

«Les armes nucléaires et les autres armes de destruction massive n'ont pas leur place dans la doctrine de défense iranienne et sont en contradiction avec nos convictions religieuses et éthiques fondamentales», a-t-il poursuivi.

«Nous défendons la paix basée sur la démocratie et le bulletin de vote partout dans le monde, y compris en Syrie et au Bahreïn et dans d'autres pays de la région», a poursuivi M Rohani.

«Il n'y a pas de solutions violentes aux crises du monde», a-t-il ajouté, dénonçant sans détours le recours aux drones dans la stratégie anti-terroriste américaine.

Qualifiant le terrorisme de «fléau violent», il a estimé que «l'utilisation de drones contre des innocents au nom de la lutte contre le terrorisme devrait aussi être condamnée».

Les États-Unis multiplient depuis 2004 les raids de drones dans les zones tribales semi-autonomes du Nord-Ouest du Pakistan, région frontalière de l'Afghanistan qui sert de sanctuaire aux talibans et à d'autres groupes islamistes armés comme Al-Qaïda.



Israël pas convaincu

Le président n'a fait aucune concession lors de son discours, a estimé mardi un haut responsable israélien.

M. Rohani «s'est efforcé de duper le monde, et malheureusement beaucoup de gens ont envie d'être dupés», a déclaré à la presse Yuval Steinitz, chef de la délégation israélienne qui a boycotté le discours du président iranien.

«Nous avons entendu beaucoup de mots creux mais aucune nouvelle décision et même aucune nouvelle promesse d'appliquer les résolutions du Conseil de sécurité» a ajouté M. Steinitz, ministre israélien pour les Affaires stratégiques et de renseignement.

«Nous n'avons même pas entendu M. Rohani regretter ou retirer les précédentes déclarations de dirigeants iraniens niant l'Holocauste», a-t-il ajouté.

Il a préconisé d'accroître la pression sur l'Iran: «Plus la pression économique et militaire augmente sur l'Iran, plus la diplomatie a des chances de succès».

Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a toujours refusé d'exclure une frappe militaire contre l'Iran pour l'empêcher de se doter de la bombe atomique. M. Nétanyahou s'adressera mardi prochain à l'Assemblée générale.