Un membre important du réseau Al-Qaeda va être jugé à New York, devenant le premier détenu de la prison de Guantanamo à être déféré devant une cour civile aux États-Unis, a annoncé jeudi le ministère américain de la Justice.

Ahmed Khalfan Ghailani, un Tanzanien de 34 ans, est, selon les autorités américaines, un membre très important d'Al-Qaeda, soupçonné d'avoir participé aux attentats qui avaient visé en 1998 les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya.

Il avait été capturé en 2004 au Pakistan et transféré en septembre 2006 dans la prison de la base navale de Guantanamo, louée par les États-Unis sur l'île de Cuba.

«En traduisant Ahmed Ghailani en justice devant un tribunal fédéral, nous sommes assurés qu'il répondra finalement de son rôle présumé dans les attentats à la bombe contre nos ambassades en Tanzanie et au Kenya», a indiqué le ministre de la Justice Eric Holder dans un communiqué.

Cette décision a été prise dans le cadre du décret du président Barack Obama signé au surlendemain de son investiture, le 22 janvier, appelant à la fermeture du camp de détention de Guantanamo et à réexaminer la situation des détenus, poursuit le communiqué.

Ce sera le premier ex-prisonnier de Guantanamo où 240 suspects de terrorisme sont détenus, à être jugé aux États-Unis par un tribunal civil et non militaire.

Cette annonce intervient alors que le président Obama s'apprête à prononcer jeudi un discours sur la sécurité nationale.

«Cette administration s'engage à maintenir le sol américain en sécurité et à faire respecter l'état de droit en fermant Guantanamo et en traduisant en justice les terroristes qui s'y trouvent», souligne encore le ministère de la Justice.

Considéré comme un membre de premier plan d'Al-Qaeda, Ghailani figurait sur la liste des personnes les plus recherchées par le FBI. Il faisait partie des 14 prisonniers dits «de haute valeur», transférés en septembre 2006 des prisons secrètes de la CIA vers Guantanamo.

Le Tanzanien a été inculpé de meurtre, attaques contre des civils et soutien matériel au terrorisme, notamment pour l'attentat contre l'ambassade américaine à Dar es Salaam en 1998.

Il est poursuivi pour 286 chefs d'inculpation pour les attentats de 1998 mais aussi pour «sa participation à un complot d'Al-Qaeda pour tuer, mener des attentats à l'explosif et mutiler des civils américains n'importe où dans le monde».

Plusieurs attaques à la bombe simultanées contre les ambassades des États-Unis en Tanzanie et au Kenya avaient fait 224 morts, dont une douzaine d'Américains et des milliers de blessés.