La socialiste Ségolène Royal, qui défend toujours son ambition d'être la première femme à présider la France, a dû opérer un repli dans la bataille pour le contrôle du Parti socialiste face à la montée en puissance d'autres ténors, comme Bertrand Delanoë.

À deux mois d'un congrès crucial des socialistes, Mme Royal, en perte de vitesse dans les sondages, a expliqué, en termes sibyllins, qu'elle ne serait pas forcément candidate à la direction du parti.

Mme Royal a déclaré lundi soir qu'elle ne faisait plus un «préalable» de sa candidature, et que sa décision dépendrait d'un vote des militants sur sa motion au congrès de Reims.

La responsable socialiste assure désormais ne pas vouloir nourrir encore plus les luttes intestines qui déchirent le premier parti d'opposition.

«Je veux mettre un coup d'arrêt à cette lente dégradation du niveau du débat», a soutenu Mme Royal, au sujet de la succession de François Hollande, l'actuel premier secrétaire, qui est aussi son ex-compagnon.

Ses partisans ont salué un «geste d'ouverture», mais ses détracteurs ont estimé qu'elle ne faisait qu'ajouter à la confusion dans le parti.

Mme Royal, qui veut incarner une gauche moderne et rénovée, semble avoir tiré les conséquences de ses difficultés à s'imposer.

«Mme Royal est au creux de la vague et fragilisée. Elle est moins en mesure de s'imposer que lors des primaires socialistes de 2007», qui l'avaient désigné candidate à la présidentielle, note l'analyste Frédéric Dabi.

«Elle n'apparaît plus porteuse de renouveau», explique ce politologue de l'institut Ifop.

En 2007, Mme Royal avait alors joué de sa popularité et de son impact dans les médias pour contourner l'appareil socialiste, avant d'être nettement battue par Nicolas Sarkozy. Depuis, sa popularité chez les Français a reculé, pour passer récemment sous la barre symbolique des 50% de bonnes opinions. Mais c'est au sein du PS que son étoile a le plus pâli.

Mme Royal est désormais confrontée à l'émergence marquée du maire de Paris Bertrand Delanoë, qui apparaît comme le favori des militants pour la direction du parti, et elle est talonnée par Martine Aubry, ex-ministre dont le nom est attaché à la semaine de travail de 35 heures.

Aucun des grands ténors ne dispose toutefois d'une majorité au sein des militants, ce qui alimente les tractations d'appareil, les alliances et les volte-face, dans un climat délétère.

M. Hollande devait manifester son rapprochement avec M. Delanoë mardi soir lors d'un meeting. Agacée, Mme Royal a souhaité à ce sujet que son ex-compagnon «se tienne au-dessus des débats».

Pour l'heure, Ségolène Royal défend toujours sa volonté d'incarner un large rassemblement autour d'elle et de prouver que «le socialisme est une force neuve pour le 21e siècle».

La responsable socialiste, qui se dit proche du candidat démocrate américain Barack Obama, compte sur une grande réunion de ses partisans - «un rassemblement de la fraternité» - le 27 septembre, pour renouer avec l'élan perdu de sa campagne de 2007.

«Mais elle souffre d'un positionnement qui n'est désormais plus clair et du spectacle de division des socialistes», analyse Frédéric Dabi.

Les Français jugent sévèrement les luttes internes du PS, qui a essuyé trois défaites aux scrutins présidentiels depuis 1995.

S'il a remporté les municipales de mars, le PS n'apparaît pas comme porteur d'un projet d'alternative crédible à M. Sarkozy et il laisse pour l'heure le champ libre à la «gauche de la gauche», incarnée par le jeune postier trotskyste très populaire Olivier Besancenot et au leader centriste François Bayrou.

Ce dernier, qui se pose en premier «opposant» à M. Sarkozy, a proposé un rassemblement aux socialistes pour une alternance en 2012, alimentant encore les divisions au sein du PS.