La proclamation d'indépendance du Kosovo a «malheureusement» eu un «effet domino» au Caucase, a déclaré le Premier ministre serbe, Mirko Cvetkovic, dans une interview jeudi au quotidien Politika.

«Nous avions averti que la reconnaissance de l'indépendance proclamée de façon unilatérale par le Kosovo pourrait avoir un effet domino. Malheureusement, c'est précisément ce qui est en train de se passer», a souligné le Premier ministre.

M. Cvetkovic a souhaité toutefois que les évènements dans le Caucase, et la reconnaissance par Moscou de l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du sud, n'aient pas d'«effets négatifs» sur la Serbie.

«Les informations que nous avons reçues indiquent que la Russie restera sur ses positions antérieures» concernant le Kosovo, a déclaré le Premier ministre serbe.

La Russie a toujours défendu la cause de Belgrade sur le Kosovo. La Serbie, appuyée par Moscou sur la scène internationale, refuse la proclamation d'indépendance du Kosovo, qu'elle considère comme l'une de ses provinces.

Belgrade compte sur le soutien de Moscou pour obtenir le feu vert de l'Assemblée générale des Nations unies à un examen par la Cour internationale de justice (CIJ) de la proclamation d'indépendance du Kosovo.

L'ambassadeur russe à Belgrade, Alexandre Konouzine, a assuré mercredi soir à la télévision nationale serbe (RTS), que son pays continuerait de soutenir l'initiative de Belgrade en direction de la CIJ.

Tout en réaffirmant que le déploiement de la Mission européenne de police et de justice (Eulex) au Kosovo était «illégal» sans l'aval du Conseil de sécurité de l'ONU, M. Cvetkovic a estimé que la Serbie se devait de «participer» à cette opération.

«Nous avons des intérêts importants au Kosovo. Nous avons des gens qui vivent là-bas (les Serbes) et nous nous attendons à ce que d'autres y retournent... C'est pourquoi nous devons participer à la reconfiguration de la Mission des Nations unies au Kosovo (Minuk), c'est-à-dire au déploiement d'Eulex», a expliqué le Premier ministre.

La «reconfiguration» en cours de la Minuk prévoit le transfert de responsabilités de la Mission des Nations unies vers Eulex, dont les Européens souhaitent le déploiement vers la fin de l'automne.

Jusqu'à présent, Belgrade a «essentiellement eu des contacts techniques» avec Eulex et la Serbie «n'a pas été inclue suffisamment dans la mise en place» de la mission européenne, a poursuivi M. Cvetkovic.

Le Premier ministre serbe a cependant estimé que les terrains d'entente sur cette participation de

Belgrade à Eulex devraient figurer dans une résolution qui serait entérinée par le Conseil de sécurité des Nations unies.

«Personne n'avait conditionné notre adhésion à l'UE à la reconnaissance» de l'indépendance du Kosovo, a enfin souligné M. Cvetkovic.

«Si la reconnaissance du Kosovo est une condition à notre adhésion à l'UE, nous choisirons le Kosovo. Nous n'allons pas abandonner le Kosovo. Ceci est notre message», a-t-il conclu.