Le président américain George W. Bush a adressé vendredi un nouvel avertissement sévère à la Russie à propos du conflit en Géorgie tout en soulignant qu'une relation «conflictuelle» avec Moscou n'était pas dans l'intérêt des États-Unis.

Moscou doit «honorer son engagement de retirer ses forces d'invasion de tout le territoire géorgien», a déclaré le président américain lors d'une allocution consacrée au conflit armé qui oppose depuis une semaine la Géorgie et la Russie.

«Nous espérons que les responsables russes reconnaîtront qu'un avenir de coopération et de paix seront bénéfiques à toutes les parties. La guerre froide est finie. Le temps des États satellites et des sphères d'influence est derrière nous», a-t-il insisté.

Tbilissi a tenté de reprendre le contrôle sur l'Ossétie du Sud, république indépendantiste proche de Moscou, provoquant le 8 août la riposte de Moscou et l'entrée des troupes russes en Géorgie, où elles se trouvaient encore vendredi.

La Secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice était à Tbilissi vendredi pour «exprimer le soutien sans réserve des États-Unis à la démocratie géorgienne», a rappelé M. Bush. Elle devait rencontrer le président géorgien Mikheïl Saakachvili et obtenir qu'il signe l'accord de cessez-le-feu en six points accepté mardi par les deux belligérants qui ne l'ont néanmoins pas signé.

Avant de partir en vacances pour son ranch du Texas, le président américain s'est montré très critique à l'égard des choix de la Russie ces derniers jours qui, selon lui, «portent atteinte à sa crédibilité».

Mais, a-t-il nuancé, «une relation conflictuelle avec la Russie n'est pas dans l'intérêt des Américains». «Une relation conflictuelle avec les États-Unis n'est pas dans l'intérêt de la Russie», a-t-il poursuivi devant la Maison-Blanche.

Il a regretté que Moscou ait «tendance à voir l'expansion de la liberté et de la démocratie comme une menace pour ses intérêts», opposant clairement les choix de la Russie à ceux du «monde libre», auquel la Géorgie a souscrit, en demandant d'entrer dans l'OTAN et, a rappelé M. Bush, en envoyant des troupes en Afghanistan et en Irak.

«La brutalité et l'intimidation ne sont pas une manière acceptable de mener la politique étrangère au XXIe siècle», a-t-il édicté, laissant à la Russie la responsabilité de «décider si elle veut retrouver la voie des Nations responsables», «rétablir ses relations avec les États-Unis, l'Europe et les autres pays» et «restaurer sa place dans le monde».

«Le peuple géorgien a mis son sort entre les mains du monde libre et nous n'allons pas le mettre de côté», a-t-il insisté.

Le président américain a ajouté que le Secrétaire à la Défense Robert Gates le tenait informé de la distribution de l'aide humanitaire envoyée par les États-Unis aux victimes du conflit.

M. Gates a exclu jeudi le recours à une intervention militaire américaine dans le conflit russo-géorgien mais a averti que les relations américano-russes risquaient d'être affectées à long terme si Moscou ne changeait pas d'attitude.

La situation sur le terrain restait confuse vendredi mais selon un journaliste de l'AFP sur place, si aucun soldat russe n'était visible dans le centre de la ville géorgienne de Gori, des chars stationnaient à 3 km de la ville.

Le plan de paix en six points, que les deux parties sont appelées à signer, prévoit que «les forces militaires russes devront se retirer sur les lignes antérieures au déclenchement des hostilités». Il a été critiqué en Pologne et dans les États Baltes, notamment parce qu'il ne mentionnait pas le respect de l'intégrité territoriale de la Géorgie.