Le ministère de la Justice américain plaide au nom de l'«intérêt public» pour la tenue la semaine prochaine du premier procès à Guantanamo dans un argumentaire révélé mardi, deux jours avant qu'un juge fédéral prenne la décision du maintien ou non du procès.

Salim Hamdan, ancien chauffeur et garde du corps de Oussama ben Laden, emprisonné depuis plus de six ans doit répondre à partir de lundi de «conspiration» et de «soutien logistique» au terrorisme devant une commission militaire constituée en tribunal de guerre, une première depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.

Mais la décision de la Cour suprême en avril d'ouvrir aux détenus de Guantanamo la porte de la justice civile a poussé la cour fédérale de Washington à nommer un juge, James Robertson, pour déterminer si ce premier procès pouvait avoir lieu. Après avoir entendu les parties jeudi, il doit rendre sa décision vendredi.

Le ministère de la Justice estime que «les droits conférés à un étranger accusé de crimes de guerre sont sans précédent» dans ces tribunaux exceptionnels pourtant très controversés surtout depuis qu'ils ont été invalidés par la Cour suprême en 2006 puis rétablis dans la foulée par le Congrès.

Ce tribunal «a la compétence pour juger», argumente le ministère, pour qui «l'intérêt public est favorable au gouvernement», qui souhaite la tenue du procès, «pas à la défense», qui ne la souhaite pas. Citant les charges pesant sur Salim Hamdan, il observe en effet que «le public a grand intérêt à voir de telles personnes répondre devant la justice le plus rapidement possible».

Il relève enfin l'«ironie» de la demande de suspension du procès alors que quelque 260 détenus contestent leur détention devant le tribunal fédéral de Washington, grâce à la même décision de la Cour suprême.

Les juges nommés pour instruire ces dossiers ont été priés, selon le ministère d'«accélérer le moment où aura lieu leur procès». Or, «pour Hamdan, ce moment est arrivé», relève-t-il.