Un jeu de cartes à l'effigie d'anciens dictateurs, dont Adolf Hitler, fait des remous en Allemagne depuis sa récente commercialisation, rapporte mardi le quotidien populaire Bild.

Le jeu de 32 cartes, baptisé «les 7 familles des dictateurs» --mais qui comporte en réalité huit familles de quatre despotes, de l'Antiquité à l'époque contemporaine-- «sera encore actuel dans 1.000 ans», indique l'éditeur Onkel & Onkel sur son site internet.

Il présente huit familles d'anciens dictateurs, notamment l'Italien Benito Mussolini, le Portugais Antonio de Oliveira Salazar, le Soviétique Joseph Staline, ou encore l'Espagnol Francisco Franco.

Chaque carte indique l'âge auquel les dictateurs sont entrés en fonction et ont quitté le pouvoir, la cause de leur décès, sans oublier divers traits de leur personnalité.

Les règles du jeu sont simples, «il n'y en a pas», plaisante l'éditeur sur son site internet. Et d'ajouter: «En amour comme à la guerre, tout est permis comme chacun sait et celui qui capitule, perd».

«Comment appréhender les chapitres sombres de notre histoire? La question se pose sans cesse et la réponse est: de façon ludique. C'est pour cela qu'il ne faut pas prendre ça trop au sérieux», indique le patron de la maison d'édition, Volker Oppmann, cité par Bild.

L'historien Arnulf Baring met en garde contre une «minimisation» de ces périodes de l'histoire. «Plus le Troisième Reich s'éloigne dans le temps, plus la réflexion sur ce sujet devient bizarre», constate-t-il.

Il reproche au jeu de cartes de «mettre les scélérats sur le même rang» alors que «comparé à Hitler, Mussolini est un homme d'honneur».

Même réticence du ministre régional de l'Intérieur de la ville-État de Berlin, Erhart Körting, qui trouve le jeu de «mauvais goût».

«Le commerce avec Hitler est au fond une évolution positive», estime pour sa part l'écrivain berlinois d'origine israélienne, Rafael Seligmann, interrogé par Bild. Pour lui, c'est «un jalon vers la normalisation».