Des ministres du Québec et de l'Ontario ont uni leurs plumes pour interpeller deux membres influents du Congrès des États-Unis en faveur du maintien d'un budget de 300 millions annuel pour la dépollution des Grands Lacs.

Une lettre cosignée par la ministre des Relations internationales et de la Francophonie Christine St-Pierre, le ministre du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques David Heurtel, ainsi que le ministre ontarien de l'Environnement et des Changements climatiques, Glenn Murray, a été envoyée hier aux représentants Ken Calvert et Betty McCollum.

« Nous souhaitons exprimer notre vif intérêt et profond soutien envers la Great Lakes Restoration Initiative (GLRI), affirment-ils. Nous jugeons essentiel que GLRI demeure une priorité d'investissement, particulièrement dans le contexte du débat actuel sur le budget fédéral américain. Depuis ses débuts en 2010, GLRI s'est avéré un outil indispensable pour la revitalisation environnementale et économique de notre région. »

Qualifiant l'eau douce des Grands Lacs d'« actif stratégique de première importance », ils affirment que l'abolition des crédits de la GLRI « compromettrait les gains tangibles réalisés depuis 2010 » et que « la compétitivité même de notre région... en serait affectée ».

RÉDUCTION DU BUDGET DE 31 %

La semaine dernière, le président Donald Trump, dans son projet de budget, a annoncé qu'il voulait annuler le programme GLRI, qui est administré par l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis (EPA).

Selon le voeu de l'administration Trump, le budget de l'EPA serait réduit de 31 % et 3200 personnes seraient licenciées. Cependant, c'est le Congrès qui adopte le budget, ce qui se passera dans la prochaine année.

« On sait que c'est un processus qui commence et ce n'est pas la décision finale », dit la ministre St-Pierre en entrevue téléphonique avec La Presse.

« On veut que les personnes influentes connaissent notre point de vue. On sait qu'il y a une grande mobilisation du côté américain aussi et que ce programme des Grands Lacs rejoint tous les partis », poursuit-elle.

L'intervention des gouvernements provinciaux dans le débat est bienvenue, selon Scott McKay, de l'Alliance des villes des Grands Lacs et du Saint-Laurent, qui est actuellement présidée par le maire de Montréal, Denis Coderre.

« C'est ce que M. Coderre a appelé de tous ses voeux la semaine dernière, dit-il. Il y a des représentants et sénateurs républicains qui militent en faveur du maintien du programme et on mise sur ces gens-là. Ils ont un an pour se mobiliser et plus ils auront d'appuis, mieux ce sera. »

Ken Calvert, un républicain de Californie élu pour la première fois en 1992, siège depuis longtemps dans les divers comités des ressources naturelles de la Chambre des représentants et depuis peu sur celui du budget. Il souligne sur son site web avoir « appuyé divers efforts de restauration environnementale et mesures de contrôle des inondations » dans la région de Californie qu'il représente, au sud-est de Los Angeles.

Betty McCollum siège à la Chambre depuis 2000 comme représentante d'une partie de la ville de St. Paul, capitale du Minnesota. Au fil des ans, elle a tenté de faire adopter des législations pour protéger l'eau des Grands Lacs.

M. Calvert et Mme McCollum siègent au sous-comité des crédits de l'Intérieur, respectivement comme président et comme membre de haut rang du Parti démocrate. Ce comité a autorisé au total 30 milliards de dépenses en 2016.