Le bitume dilué des sables bitumineux, qui pourrait être transporté dans l'oléoduc Northern Gateway si le projet devait se réaliser, a la propriété de couler au fond de la mer lorsqu'il est mêlé à des sédiments et battu par les vagues, conclut une récente étude du gouvernement fédéral.

Mais si le brut n'est pas mêlé à des sédiments, cette «mélasse» flottera à la surface de l'eau de mer, même après évaporation des liquides ou exposition au soleil.

L'étude, menée par Environnement Canada et les ministères Pêches et Océans et Ressources naturelles, indique également que l'agent dispersant Corexit 9500 - qui a déjà servi par le passé dans des opérations de nettoyage -, n'offre que des résultats limités pour la diffusion du bitume dilué.

Le fait de savoir si le pétrole coulerait ou flotterait à la surface de l'eau en cas de déversement constitue une source de débat entre les partisans du projet Northern Gateway et ses opposants. Les écologistes arguent qu'il serait plus difficile de récupérer le pétrole s'il se retrouvait au fond de l'océan.

Deux types de brut, l'Access Western Blend et le Cold Lake Blend, ont été étudiés par les chercheurs dans le cadre de l'étude fédérale. Ces produits bitumineux ont été, entre 2012 et 2013, les plus fréquemment transportés par les oléoducs au pays.

Le document souligne toutefois que les tests ont été effectués dans un laboratoire et qu'il est donc possible que les produits bitumineux réagissent différemment dans un environnement naturel.

Le fait de mener de telles recherches sur le comportement du pétrole dans un environnement marin était l'une des 209 conditions énoncées par la commission fédérale d'examen conjoint (ministère de l'Environnement et Office national de l'énergie) lorsqu'elle a annoncé, en décembre, qu'elle accordait son feu vert à la réalisation du projet Northern Gateway.

Si le gouvernement fédéral l'approuvait à son tour, l'oléoduc transporterait du bitume dilué des sables bitumineux de l'Alberta jusqu'à un terminal maritime de la Colombie-Britannique, essentiellement pour exportation vers les marchés asiatiques.

En 2010, le bris d'un oléoduc d'Enbridge avait provoqué le déversement de quelque 843 000 gallons de pétrole dans la rivière Kalamazoo, au Michigan. Le pétrole avait été transporté en aval lors d'une crue. Et bien que les dégâts aient pu être contrôlés, entre 10 et 20% de brut - mélangé à des sédiments -, avait coulé dans le fond de la rivière, rappelle le rapport.