Deux sous-marins russes ont démarré mercredi une vaste exploration des profondeurs du lac Léman destinée à mieux comprendre l'impact de la pollution sur ces eaux, ont annoncé mardi les scientifiques suisses conduisant les recherches.

Mir-1 et Mir-2 ont effectué une dernière plongée de rodage mardi pour être prêts pour entamer la campagne de plongée scientifique qui doit durer trois mois, a indiqué à l'AFP un porte-parole de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), Lionel Pousaz.

Les deux petits engins très performants ont plongé en 2007 à plus de 4 000 mètres dans les profondeurs de l'océan Arctique puis, en 2008, dans le lac Baïkal et ont été utilisés pour filmer les épaves du Titanic et du cuirassé Bismarck, fleuron de la marine d'Hitler.

Leur plongée à quelque 300 mètres de profondeur doit permettre aux scientifiques de l'EPFL de mieux comprendre le fonctionnement de ce lac d'une superficie d'environ 600 km2, situé entre la France et la Suisse.

«Il s'agit d'une prise de température», a précisé M. Pousaz ajoutant que les recherches allaient notamment porter sur les bactéries contenues dans les sédiments. «Les bactéries sont des indicateurs de pollution» et permettront ainsi de mesurer la présence d'éléments toxiques, a-t-il souligné.

Les petits sous-marins, équipés de spectromètres capables de déterminer la densité de molécules dans l'eau, doivent également traquer les micropolluants qui échappent aux stations d'épurations et sont rejetés dans l'eau. Par effet d'accumulation, ces éléments se retrouvent dans le plancton et dans les poissons du lac.

Les scientifiques vont aussi étudier la physique du lac Léman en prenant des relevés de température dans différentes couches, ce qui leur permettra d'établir un modèle de circulation des eaux. «Une goûte d'eau peut prendre jusqu'à douze ans pour traverser le lac» d'est en ouest, selon M. Pousaz.

Les deux petits submersibles vont enfin étudier la géologie des canyons sous-marins qui serpentent sur 10 à 12 km les profondeurs du lac. Les sédiments charriés par des rivières sous-marines, qui sont à l'origine des canyons, peuvent atteindre une hauteur de 50 m et présentent un risque d'effondrement.

«Un éboulement du canyon pourrait être la véritable origine du tsunami qui a traversé le lac et dévasté les ponts de Genève en 563», a expliqué le chercheur Flavio Anselmetti.