La conférence climat des Nations unies à Poznan (1er-12 décembre) doit enclencher, malgré la crise économique, le compte-à-rebours vers un nouvel accord de lutte contre le réchauffement qui devra aboutir fin 2009 à Copenhague.

En dépit de l'absence de la nouvelle équipe Obama, mieux disposée que l'administration américaine sortante, Poznan doit activer la négociation du futur accord, alors que les émissions mondiales de gaz à effet de serre n'ont jamais été aussi élevées.

Celles des pays en développement totalisent désormais plus de la moitié des émissions mondiales et la Chine est devenue le premier pollueur mondial.

L'an dernier à Bali, les Etats parties à la Convention de l'ONU contre les changements climatiques (CNUCC) ont promis de boucler le nouvel accord d'ici décembre 2009 - le temps nécessaire à une éventuelle ratification - même si la date paraît en réalité difficile à tenir.

«Poznan est une conférence d'étape entre Bali et Copenhague, mais pas sans enjeu: si on trébuche cette année, on n'aura aucune chance l'an prochain», prévient un négociateur européen.

Depuis l'entrée en vigueur de Kyoto en 2005, la négociation climatique se joue schématiquement sur deux rails, la Convention cadre de l'ONU sur les changements climatiques (CNUCC, 192 pays) et le Protocole de Kyoto.

A ce jour, seuls les 37 pays industrialisés signataires de Kyoto sont soumis à des objectifs contraignants de réduction de leurs émissions polluantes jusqu'en 2012, ce qui avait conduit les Etats-Unis à rejeter le traité.

Le nouvel accord devra donc décider d'une survie de Kyoto, modifié et élargi aux pays émergents, ou de la mise sur orbite d'un «Protocole de Copenhague» englobant tout le monde et permettant notamment aux Etats-Unis de repartir de zéro.

Parmi les grands rendez-vous de la quinzaine polonaise, à laquelle se joindront comme l'an passé le secrétaire général de l'ONU Ban-Ki-Moon et le prix Nobel de la Paix et ex vice-président américain Al Gore, une table-ronde des ministres de l'Environnement les 11 et 12 décembre permettra un échange de vue sur une «vision partagée» à long terme de la lutte contre le changement climatique.

Cette vision à l'horizon 2050 devra refléter les ambitions de chacun dans la réduction de ses émissions polluantes et la préservation du climat.

Selon les scientifiques, les émissions des pays industrialisés, qui ont repris leur envol depuis 2000, devraient cesser de croître dès 2015 puis décroître drastiquement d'ici 2050 pour garder un climat gérable. Mais les grands pays émergents comme la Chine ou l'Inde sont aussi appelés à maîtriser l'inflation de leur pollution.

«Les pays en développement vont sans doute insister sur ce que nous sommes prêts à lâcher», note le représentant d'un pays industrialisé. «Mais on va pointer qu'ils polluent désormais autant que nous».

«La Chine et le Burkina Faso, ce n'est quand même pas la même situation», insiste-t-il. L'Afrique vient d'ailleurs, le 20 novembre à Alger, d'arrêter une position commune pour faire valoir ses propres intérêts.

Le patron de la CNUCC, Yvo de Boer, n'attend pas à Poznan l'annonce chiffrée de fourchettes de réduction de la part des uns ou des autres, mais «ambitionne une percée»: «J'espère que la table-ronde nous donnera une ligne de conduite politique plus claire», a-t-il confié à l'AFP.

«Il est clair pour tous que ça ne peut pas continuer comme ça», analyse un diplomate occidental. «Jusqu'ici on a multiplié les options sur la table ; la prochaine étape sera de les limiter. Sinon on va arriver avec 1.000 pages à Copenhague. Et on n'aura pas d'accord».

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