Les audiences de l'Office national de l'énergie (ONÉ) sur le controversé projet Énergie Est lundi sont suspendues pour une durée indéterminée.

Les manifestations et la sortie de la délégation municipale ont forcé le report de la première séance montréalaise de l'ONÉ.

En début de soirée, l'ONÉ a publié un communiqué annonçant sa décision de reporter aussi la séance prévue mardi à une date non encore déterminée.

« Cette décision a été prise à la lumière de perturbations dans la salle d'audience [lundi] matin, dont la violence menaçait la sécurité de toutes les personnes présentes à la séance », peut-on lire dans le communiqué.

L'ONÉ donnera mardi des renseignements supplémentaires sur la façon avec laquelle elle compte entendre les intervenants de la région de Montréal.

« Nous sommes obligés d'annuler les séances d'aujourd'hui [lundi], avait annoncé en matinée Jean-Denis Charlebois, responsable des audiences de l'organisme fédéral. Nous voulons nous assurer que l'audience puisse se dérouler de manière sécuritaire pour tous. »

Un peu plus tôt, le maire Denis Coderre et les autres représentants municipaux avaient renoncé à participer aux audiences.

Ces audiences ont été perturbées lundi matin par l'irruption d'une dizaine de manifestants devant la table des commissaires.

L'un d'entre eux a foncé vers la table en faisant mine de s'élancer sur les commissaires, avant d'être maitrisé.

Il a ensuite été rejoint par une dizaine d'autres manifestants, dont un tenant un bébé dans ses bras.

Ils ont scandé « Destituez les commissaires » et « TransCanada on n'en veut pas » et « l'ONÉ congédié ».

L'audience a pris l'allure d'un sit-in quand une trentaine de personnes dans l'assistance ont repris les slogans.

« Il n'y aura pas d'audience aujourd'hui », ont-ils affirmé, alors que le service de sécurité hésitait à intervenir.

Le maire Coderre et d'autres représentants, dont le maire de Laval, Marc Demers, et la présidente sortante de l'UMQ, Suzanne Roy, ont alors quitté la salle.

En mêlée de presse par la suite, le maire de Montréal a qualifié les audiences de « mascarade » et de « cirque ».

La semaine dernière, il avait demandé le report des audiences à cause des allégations de partialité qui pèsent contre deux commissaires, Lyne Mercier et Jacques Gauthier. Ceux-ci ont eu une rencontre privée en janvier dernier avec Jean Charest, l'ex-premier ministre qui était consultant pour TransCanada.

Peu de temps après, les policiers du SPVM ont escorté un à un les manifestants hors de la salle.

Le SPVM signale deux arrestations pour entrave au travail d'un policier. Il s'agit de Mikael Rioux, un militant de Greenpeace, et d'Alyssa Symons-Bélanger, une militante qui s'est fait connaître pour son opposition contre un autre projet de pipeline. Les deux ont été relâchés sur place.

Une autre personne, un homme 35 ans, a été arrêté pour voies de fait et entrave. Il était toujours détenu lundi après-midi. 

Plus tôt, partisans et des opposants se sont rassemblés devant l'immeuble où se tiennent les audiences.

Dans la rue et sur le trottoir face au Centre Mont-Royal, sur la rue Mansfield, des membres du Conseil provincial du Québec des métiers de la construction ainsi que des représentants de groupes écologistes affichaient leurs messages respectifs. Vers 8 h, les manifestations se déroulaient dans l'ordre.

Le projet d'oléoduc Énergie Est, d'une longueur approximative de 4500 kilomètres, prévoit le transport quotidien d'environ 1,1 million de barils de pétrole entre les sites de sables bitumineux de l'ouest du Canada et le port de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick.

Les participants aux audiences devaient exprimer leurs préoccupations, expliquer en quoi le projet les touche et poser des questions à TransCanada.

Montréal est le troisième de dix arrêts prévus cet automne le long du tracé de l'oléoduc.

- Avec La Presse canadienne