Le département américain de l'Intérieur a lancé mardi une réévaluation des règles de forage sous-marin dans l'Arctique, après qu'une plateforme de Shell se fut échouée en Alaska lors d'une tempête. L'Office national de l'énergie du Canada promet d'être attentif aux résultats de la réévaluation.

«Nous examinerons avec intérêt la réévaluation américaine quand elle sera complétée», a indiqué la porte-parole de l'Office, Whitney Punchak, en entrevue depuis Calgary. Mme Punchak a cependant précisé que l'Office ne s'occupe «que de ce qui survient en eaux territoriales canadiennes», et donc ne compte pas faire sa propre évaluation des problèmes qu'a connus le programme de Shell en Alaska.

Les amarres qui liaient la plateforme Kulluk à son remorqueur se sont rompues le 28 décembre et elle s'est échouée le 31 décembre à une soixantaine de kilomètres au sud de Kodiak. La plateforme devait commencer l'été prochain des forages exploratoires profonds, qui n'avaient pas pu être faits l'été dernier parce que le gouvernement américain n'était pas satisfait des mesures de sécurité de Shell. Une autre plateforme de Shell a dérivé légèrement l'été dernier parce que son ancre n'était pas bien fixée.

Au coeur du débat: les équipements nécessaires pour faire face à une fuite comme celle de la plateforme Deepwater Horizon, dans le golfe du Mexique en 2010. Les États-Unis exigent non seulement qu'une plateforme supplémentaire soit sur place pour creuser un puits parallèle en cas d'urgence, mais aussi qu'un dôme submersible soit prêt à être immergé pour recueillir le pétrole. C'est ce dôme qui ne satisfaisait pas le gouvernement, l'été dernier.

Au Canada, l'Office a ouvert la porte en 2011 à des mesures équivalentes, si les compagnies peuvent faire la preuve qu'elles le sont vraiment. «J'espère que le Kulluk va pousser l'Office à exiger que les compagnies aient la capacité de forer un puits de secours dans la même saison, explique Patrick Bonin, responsable du dossier chez Greenpeace. Il faut même aller plus loin: le Kulluk contenait du carburant qui aurait pu dévaster la côte. Il ne faut pas forer en Arctique.»