L'Office national de l'énergie a publié hier un rapport sur les forages pétroliers en Arctique qui rend l'industrie optimiste et les environnementalistes furieux.

Le rapport, rédigé après 40 visites dans 11 communautés du Yukon, du Nunavut et des Territoires du Nord-Ouest, vise à «protéger la sécurité des résidants et travailleurs dans le Nord et [à] protéger l'environnement des régions arctiques» au moyen d'un nouveau processus d'évaluation des demandes d'autorisation de forages. L'exercice a été entamé après la marée noire de la plateforme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique en 2010. Avant cela, il s'agissait simplement d'une révision technique limitée.

Sierra Club Canada, qui a demandé sans succès à l'Office de financer sa participation à la «revue du dossier» afin de pouvoir payer des experts, est déçue par le rapport. «Il est inadéquat», dit John Bennet, directeur de Sierra Club Canada. «Il n'y a aucun chiffre sur la fragilité de l'écosystème arctique, sur son importance pour les océans du monde. C'est le point d'où partent beaucoup de courants. Mon passage favori est celui où on indique que s'il n'y a pas d'eau à découvert, une réponse active à un déversement devra attendre l'été suivant. C'est tout simplement inacceptable.»

Au coeur du débat est l'obligation plus ou moins ferme de forer un deuxième puits, pour enlever de la pression en cas d'accident dans le premier. Dans le cas de Deepwater Horizon, il a fallu quatre mois pour forer ce deuxième puits. En Arctique, la saison où il est possible d'avoir une deuxième plateforme pouvant creuser ce deuxième puits est souvent plus courte. Avant Deepwater Horizon, la «revue du dossier» devait porter seulement sur cette question du deuxième puits, les sociétés pétrolières trouvant l'obligation d'un deuxième puits dans la même saison trop restrictive, alors que les environnementalistes s'inquiétaient des longs délais pour amener en Arctique une deuxième plateforme.

«Nous sommes soulagés de la flexibilité dont fait montre l'Office», explique Travis Davies, le porte-parole de l'Association canadienne des producteurs de pétrole. «Il y a la possibilité de prouver à l'Office que nous avons des procédures de sécurité atteignant le but de l'Office aussi bien que le forage d'un deuxième puits dans la même saison.»

Pour John Bennet, de Sierra Club Canada, l'Office aurait dû exiger le forage d'un deuxième puits en même temps que le premier, pour être sûr d'arrêter un déversement dans la même saison. «On a vu au Mexique qu'un deuxième puits, ça pouvait prendre du temps.»