L'épicerie Métro Lussier franchit une autre étape dans sa politique verte. D'ici quelques semaines, l'entreprise de Waterloo transformera en compost tous les produits organiques qu'elle jette. Cette première québécoise dans le monde de l'alimentation est rendue possible grâce à un bio-composteur industriel fabriqué à Cowansville.

En compostant les résidus de légumes, de fruits, les produits laitiers et de boulangerie périmés, les découpes de viande et le poisson périmé, Métro Lussier réduira de manière draconienne ses déchets destinés à l'enfouissement. Des 141 tonnes qu'elle produit chaque année, elle en recyclera plus de 90 %.

 

«C'est une grande fierté pour nous», lance tout sourire le propriétaire de la boîte, Louis-Martin Racicot. «Je ne pense pas qu'il y a bien des entreprises qui se rendent à 85 % (de valorisation des déchets). Ça va prouver que tous les efforts investis ont porté leurs fruits et qu'ils valaient la peine d'être faits.»

Les produits organiques sont mis dans le bio-composteur. Celui-ci, de forme cylindrique, tourne lentement sur lui-même aux heures, permettant d'oxygéner le contenu et au processus naturel de compostage de s'enclencher. La chaleur dégagée par la fermentation (entre 55 et 60 degrés Celsius) permet de détruire les éléments pathogènes (ecoli et salmonelle) au bout de quelques jours, signale Louise Hénault-Éthier de l'Université Concordia. Deux semaines plus tard, le compost est prêt.

«Ce sont 0seulement les bactéries qui font le travail. On ajoute des copeaux de bois, c'est tout», explique Paul Larouche, directeur des ventes et du développement d'Agri-Ventes Brome, le fabricant du bio-composteur.

M. Racicot dit avoir investi 60 000 $ dans le projet, dont 35 000 $ pour le bio-composteur. Il compte récupérer son investissement en trois ans puisqu'il économisera environ 20 000 $ par année en envoyant moins de déchets au dépotoir.

Pour Agri-Ventes Brome, ce projet pourrait lui ouvrir la voie vers d'autres contrats. Toutes les épiceries en Amérique du Nord sont confrontées aux problèmes liés à la disposition de leurs matières organiques. Elles cherchent des solutions, surtout que les prix liés à leur collecte, transport et à leur enfouissement sont en hausse.

Le bio-composteur d'Agri-Ventes Brome est utilisé dans des fermes bovines et porcines pour composter les carcasses d'animaux.

Le feu vert tarde

Le bio-composteur est en fonction depuis la mi-décembre. Les employés de Métro Lussier n'y mettent pour l'heure que des légumes, des fruits et des produits de la boulangerie. Ils doivent attendre le feu vert du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs pour y jeter également les produits laitiers ainsi que la viande et le poisson. L'émission du certificat d'autorisation du MDDEP se fait attendre.

Selon ce qu'il a été possible d'apprendre, le MDDEP attendrait que la Ville de Waterloo se conforme à certaines exigences avant d'émettre le certificat d'autorisation. Parmi celles-ci, le Ministère tiendrait à ce que la Ville aménage une aire spéciale pour l'entreposage du compost. La Ville s'est engagée à utiliser le compost produit (entre 60 et 70 tonnes par année) dans ses plates-bandes, d'où les exigences du MDDEP la concernant.

Pour la Ville de Waterloo, ce compost gratuit lui permettra d'économiser près de 5000 $ annuellement en paillis, a indiqué hier matin le maire Pascal Russell lors de la conférence de presse annonçant le projet.

mlaliber@lavoixdelest.qc.ca