Le gouvernement du Nouveau-Brunswick a annoncé jeudi qu'il décrétera un moratoire sur les activités de fracturation hydraulique dans la province, comme l'ont fait, à des degrés divers, le Québec, la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador.

Le premier ministre Brian Gallant a précisé qu'il ne s'agissait pas d'une interdiction définitive de la fracturation hydraulique. Le moratoire, a-t-il dit, sera levé si l'industrie du gaz de schiste respecte cinq conditions: s'assurer de l'acceptabilité sociale des projets, fournir de l'«information crédible et claire au sujet de l'impact sur notre santé, notre environnement et notre eau», assurer un mécanisme de consultation avec les Premières Nations, obtenir une «structure appropriée» de redevances, et établir «un plan pour atténuer l'impact sur les infrastructures publiques - comme l'évacuation des eaux usées».

«Le moratoire ne sera pas levé tant que nous n'aurons pas l'assurance que ces conditions sont réalisées», a prévenu M. Gallant, en conférence de presse à Fredericton. Cette approbation serait donnée par «un mécanisme pour s'assurer qu'on ait une expertise qui sera consultée pour essayer de voir si les conditions pourront être réalisées», a indiqué sans plus de précisions le premier ministre.

Le moratoire entrera en vigueur dès que le projet de loi sera adopté par l'Assemblée législative, où les libéraux sont majoritaires.

Plusieurs entreprises ont déjà investi au Nouveau-Brunswick dans l'exploration du gaz de schiste en vue de l'exploitation future par fracturation hydraulique. Corridor Resources a même creusé des puits de fracturation dans la région de Penobsquis, pour fournir du gaz à la mine de Potash Corp. Le premier ministre a assuré que ces activités d'exploration pourront se poursuivre, tant que les entreprises n'ont pas recours à la fracturation.

Par ailleurs, M. Gallant leur a promis l'aide du gouvernement. «Nous avons été très clairs qu'il y aurait un moratoire sur la fracturation hydraulique», a-t-il rappelé. «Évidemment, on fera tout ce qui est en notre pouvoir pour aider à »mitiger« tout impact négatif ou pertes (que ces entreprises) pensent avoir, alors nous sommes prêts à poursuivre le dialogue pour les aider.»

Car si la création d'emplois constitue la grande priorité de son gouvernement, M. Gallant a indiqué que cela devait se faire de façon responsable, durable et diversifiée. «Nous ne voulons pas mettre tous nos oeufs dans le même panier», a-t-il dit.

Le premier ministre a d'ailleurs réitéré l'engagement du gouvernement à l'égard du développement des ressources naturelles et de certains projets énergétiques comme l'oléoduc Énergie Est, la conversion du terminal de gaz naturel liquéfié de Canaport et la mine Sisson. Selon lui, ces projets ont le potentiel de «remettre la province en marche» et de lui assurer un avenir économique solide.

Plus tôt cette semaine, au Québec, le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) concluait dans un rapport que l'exploration en vue de trouver du gaz de schiste dans les basses terres du Saint-Laurent, par le biais de la fracturation hydraulique, ainsi que son exploitation, ne comportent pas assez d'avantages pour le Québec. L'exploitation ne serait pas rentable pour l'industrie pour les 25 prochaines années, selon le BAPE, sans compter le problème d'acceptabilité sociale de ces activités.

Dans une entrevue à Radio-Canada, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, affirmait ensuite qu'«actuellement, il n'y a pas grand intérêt à développer cette ressource» et que «l'acceptabilité sociale n'est pas là». Mais il a refusé de parler de «moratoire». Le lendemain, le ministre des Ressources naturelles et de l'Énergie, Pierre Arcand, précisait d'ailleurs qu'«on ne sait jamais ce qui peut arriver». La position du gouvernement du Québec pourrait donc changer au gré de la situation - si par exemple le vent tournait dans l'opinion publique.