Malgré la grogne populaire et les pressions de l'opposition, le premier ministre Jean Charest maintient le cap sur l'exploitation des gaz de schiste.

Au nom de la «création de richesse», M. Charest a exclu mercredi la proposition de l'opposition officielle d'imposer un moratoire sur l'exploration et l'exploitation de cette ressource gazière controversée.

Il n'est pas question de mettre «les freins» sur le développement, a tranché M. Charest lors de la période de questions à l'Assemblée nationale.

«Au lieu de proposer des solutions où on met les freins puis des moratoires, ce à quoi s'opposent d'ailleurs deux anciens ministres de l'Environnement du PQ, André Boisclair et Jacques Brassard, on veut des solutions qui respectent les principes de développement durable. Et c'est ce que nous ferons», a lancé le premier ministre à sa vis-à-vis du Parti québécois, Pauline Marois.

Le Québec, a insisté le chef du gouvernement, est capable d'exploiter son potentiel gazier tout en respectant l'environnement.

«Au Québec, on est bien capables de développer nos ressources de gaz naturel, d'autant plus que ça représente 10% de notre menu énergétique qui nous vient de l'extérieur du Québec. Si on peut exploiter une ressource qui vient, ici, du Québec, au bénéfice de tous les Québécois, on est bien capables de le faire», a-t-il dit.

Mais pour la chef péquiste, le premier ministre préfère liquider les ressources du Québec à rabais plutôt que de prendre du recul et de laisser le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) mener une étude d'impact approfondie sur le sujet.

Pendant que M. Charest fait la sourde oreille, les citoyens et les municipalités assistent impuissants au déploiement de l'industrie gazière dans leur voisinage, a-t-elle fait valoir.

«Il y a des centaines de citoyens qui voient débarquer des entreprises dans leur cour arrière. Il y a des municipalités qui n'ont rien à dire sur le fait que ces entreprises ont obtenu des permis, à rabais en plus. On brade nos ressources naturelles», a soutenu Mme Marois.

Par son insouciance et son amateurisme dans ce dossier, le premier ministre est parvenu à se mettre à peu près tout le monde à dos, a poursuivi la leader souverainiste.

«Les citoyens manifestent leurs inquiétudes, le milieu des affaires considère que le gouvernement est brouillon (et) le nouveau ministre du Développement durable (Pierre Arcand) admet que le gouvernement ne possède pas l'expertise pour bien maîtriser le dossier», a-t-elle évoqué.

Mais la palme du cafouillage, selon elle, revient à la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, pour qui l'exploitation des gaz de schiste permettra de financer le réseau de garderies à 7$.

«Elle veut payer les garderies avec l'argent des gaz de schiste, alors que son gouvernement, un an auparavant, a donné congé de redevances aux compagnies gazières pour au moins cinq ans. On va les attendre longtemps, les places en garderie», a ironisé la chef péquiste.

Comme la semaine précédente à Bécancour, des centaines de citoyens ont manifesté bruyamment leur inquiétude en regard de l'exploitation du gaz de schiste, mardi à Saint-Édouard, dans Lotbinière, à l'occasion d'une assemblée d'information de l'Association pétrolière et gazière du Québec.