Dès lundi, les employés de Postes Canada pourront recourir à des moyens de pression puisque le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) a déposé jeudi un préavis de grève de 72 heures, quelques heures avant l'expiration de son mandat de grève. Le syndicat n'a toutefois «pas l'intention» de déclencher une grève générale.

«On n'interrompt pas le service postal de façon définitive. Ça n'a jamais été notre intention», assure Sylvain Lapointe, négociateur en chef du STTP pour l'unité urbaine, en entrevue avec La Presse. Le syndicat, qui représente quelque 47 000 travailleurs, privilégie des jours de grève rotative, par province, dans les prochaines semaines.

Concrètement, les employés de l'unité urbaine du STTP refuseront d'effectuer des heures supplémentaires ces jours-là. «Ça va affecter très peu [la livraison du courrier].  Au pire, si cette mesure demeure en place, il y aura un délai d'une journée dans la livraison des lettres et des colis», évalue Sylvain Lapointe. Le nombre exact de jours de grève du temps supplémentaire n'a pas été dévoilé.

Les syndiqués de l'unité rurale et préurbaine de Postes Canada refuseront de travailler les «heures additionnelles» à leur quart de travail normal. Ces travailleurs, principalement des femmes, ne sont pas payés pour leurs heures supplémentaires, un enjeu «d'équité salariale» crucial pour le STTP. «Ce sont des restrictions qu'on tente de lever dans la convention collective. De surplus, leur taux horaire est en moyenne 28 % plus bas» que les autres travailleurs, dénonce Sylvain Lapointe.

Le syndicat s'engage à lever son préavis de grève et à poursuivre les négociations pour le renouvellement de la convention collective, si Postes Canada accepte de prolonger leur droit de grève. Le mandat de grève du STTP, voté par ses membres il y a deux mois, expire jeudi soir. Pour éviter de refaire ce long processus de consultation, le syndicat doit absolument s'entendre avec Postes Canada pour prolonger le délai de 60 jours prévus par la Loi.

Or, jeudi, le président-directeur général de Postes Canada Deepak Chopra a refusé de mener des négociations de «dernière minute» avec le syndicat, malgré la demande de la ministre fédérale du Travail MaryAnn Mihychuk, avance le STTP.

Mercredi soir, la ministre avait appelé les deux parties à prolonger de 24 heures leurs négociations afin de s'entendre sur un délai supplémentaire de négociations. Jeudi matin, la ministre Mihychuk a annoncé qu'un médiateur spécial serait nommé et a enjoint les deux parties à collaborer avec ce dernier «afin de parvenir à une entente et d'éviter un arrêt de travail».

«Postes Canada collaborera pleinement à ce processus. Nous espérons que l'assistance d'une tierce partie neutre aidera les deux parties à répondre aux défis bien réels auxquels est confronté le service postal en raison du déclin des volumes du courrier et de l'augmentation des obligations du régime de retraite», a réagi Postes Canada par communiqué, sans répondre à nos questions.

Le syndicat craint que Postes Canada «procède à un lock-out» dans les prochains jours. «On a encore espoir que Postes Canada entende raison et accepte une prolongation. S'ils acceptent, on retire nos préavis», martèle Sylvain Lapointe.