Comment séduire une blonde idéale lorsqu'on ne fait que 1,36 mètre? Dans Un homme à la hauteur, conte de fées moderne, un tout petit Jean Dujardin relève le défi grâce à son charisme XXL.

L'acteur oscarisé pour The Artist y campe un architecte à succès, bel homme, drôle, sûr de lui, à ce détail près: il est minuscule. D'où quelques complications lorsqu'il s'agit de séduire la belle Diane, brillante avocate incarnée par Virginie Efira.

«Pour éviter un côté pathos, il nous fallait un personnage qui fait moins d'un mètre quarante mais à part ça qui a tout pour plaire. Donc on s'est dit qu'il nous fallait l'acteur avec le plus de charisme possible. D'où Jean Dujardin», a expliqué à l'AFP le réalisateur Laurent Tirard, en marge du festival du film français de Los Angeles Colcoa.

Ce remake de la comédie argentine Corazon de Leon, qui sort le 4 mai en France, sera présenté lundi en première mondiale à Colcoa, qui fêtait sa vingtième édition et se termine mardi.

Pour Laurent Tirard «ça fait partie de la jubilation du film» de «voir un acteur très connu ainsi réduit, et ça aide aussi à passer dans la catégorie conte de fées».

À l'heure où les appels à la diversité dans le cinéma se multiplient, Tirard estime que prendre un acteur réellement petit aurait changé le concept du film, l'aurait éloigné de la légèreté pour en faire «quelque chose de plus âpre, plus documentaire».

Cet ex-critique de film pour le magazine Studio, qui a suivi des études de cinéma à la prestigieuse New York University, dit croire «beaucoup à la puissance du conte».

«On vit dans une société globalement terre à terre et quand on a des messages à faire passer, plus on peut prendre de distance, mieux c'est», estime le cinéaste, déjà auteur de Molière (2007), Le petit Nicolas (2009) ou Astérix et Obélix: au service de sa majesté (2012), entre autres.

Illusions d'optique

«Si je dis à un enfant «tu ne dois jamais t'éloigner du droit chemin», l'enfant va penser «ouais, c'est ça, t'as raison», si je lui dit «c'est l'histoire d'un petit chaperon rouge et sa maman lui dit tu ne dois pas t'éloigner du chemin mais dans la forêt elle rencontre un gros loup, etc.», je déguise le message et je le fais passer dans son inconscient», fait-il valoir.

Mohamed Hamidi, dont le film La vache, l'épopée d'un Algérien qui traverse la France à pied avec sa vache pour participer au salon de l'agriculture, fait aussi l'éloge du conte et des histoires pleines de bons sentiments.

Dans son feel good movie où son héros Fatah voyage dans une France bon enfant, accueillante, où les policiers posent en souriant pour des photos avec une vache et où le racisme n'existe pas, le réalisateur a expliqué avoir voulu célébrer les valeurs humanistes de l'Hexagone.

«Le curseur de l'info est basé à 90% sur des choses négatives» et «je ne voulais pas montrer cette France qu'on montre trop souvent, celle des 30% de Front national», fait-il valoir.

Dans l'atmosphère politique actuelle pétrie d'alertes terroristes et de tendances xénophobes, «les gens ont envie d'y croire un peu», poursuit Hamidi, qui a voulu tourner un film «qui fait du bien, qui réconcilie».

Dans Un homme à la hauteur, pour que le conte fonctionne et pour rapetisser Jean Dujardin d'un coup de baguette magique, Laurent Tirard a bien entendu fait appel à la fée numérique.

Parfois, le cinéaste et son équipe se sont contentés de quelques trucages «d'une simplicité enfantine», comme faire jouer Dujardin à genoux dans certaines scènes, ou le faire reculer de quelques pas pour que, par illusion d'optique, il ait l'air plus petit.