Près de 15 ans après la naissance du premier film, le dernier chapitre de la trilogie Toy Story a réussi un tour de force: il a fait évoluer ses personnages tant au point de vue graphique que psychologique tout en conservant l'essence et les particularités propres à cette oeuvre, agrémentée ici par les airs de flamenco du groupe Gipsy Kings et rendue possible grâce au génie des studios Pixar. 

Quel sort attend donc Woody le cowboy - qui emprunte la voix de Tom Hanks -, Buzz l'éclair (Tim Allen), Monsieur Patate (Don Rickles) et plusieurs autres nouveaux personnages tels que le séduisant et superficiel Ken (Michael Keaton), la jolie Barbie (Jodi Benson) et Monsieur porc-épic (Timothy Dalton)? Depuis quelques années, ceux-ci passent la majeure partie de leur temps dans la noirceur du coffre à jouets d'Andy. Le jeune propriétaire a grandi et ses jouets ont été relégués aux oubliettes. Et voilà qu'une menace plane sur eux car le jeune homme doit quitter la maison familiale pour aller à l'université.

Sans conteste, Toy Story 3 rime avec évolution. D'abord, parce qu'il pourra être projeté sur grand écran en version 3D. Puis, du côté du scénario, les personnages du film s'apprêtent à franchir une étape charnière de leur vie. Andy devra appendre à voler de ses propres ailes. Sa mère sera pour sa part confrontée au vide laissé par son fils qui doit prendre la route de l'université. Puis, Woody et leurs amis seront projetés dans un tout autre univers, entre les murs d'une garderie. Ce qui, au départ, semble être un endroit de rêve, peuplé d'enfants, pourrait vite prendre les allures d'un Alcatraz pour jouets.

Autre changement: les héros du film ont en quelque sorte subi une cure de beauté. Nouvelles technologies et troisième dimension obligent, expliquait la semaine dernière aux journalistes le réalisateur de l'oeuvre, Lee Unkrich à l'occasion d'une visite des studios de Pixar à San Francisco. Au cours de ces quelques heures passées dans les lieux mêmes de la naissance de Toy Story, différents membres de l'équipe qui ont travaillé sur le film - réalisateur, directeur de l'animation, acteurs ayant prêté leur voix - ont exprimé tour à tour leur conception du film et les défis qui devaient être relevés pour mettre un point final à cette saga pour enfants.

«Près de 15 ans après la sortie de Toy Story, Andy a grandi mais nous avons aussi évolué dans les technologies, explique Adrian Raft, l'une des responsables de la formation des nouveaux employés de Pixar. Le plus grand défi, dit-elle tout en pointant sur le mur une illustration d'Andy, de sa mère et de sa soeur Molly, c'était de faire évoluer les personnages tout en gardant l'essence de 1995.»

Milliers de changements

Résultat: des milliers de changements ont été apportés au physique des différents protagonistes. Dans une petite salle de cinéma, où les sièges ont cédé la place à de confortables causeuses bleu poudre, Lee Unkrich présente aux journalistes les différentes modifications effectuées sur le jouet préféré d'Andy: Woody le cowboy. Assis devant son ordinateur, à côté duquel trône une figurine à l'effigie du petit homme, il projette une image du personnage sur grand écran. Il alterne entre la version de 1995 et celle de 2010. On ne parle pas ici d'une métamorphose. Les changements sont subtils, mais bien visibles.

«Nous avons effectué différents petits changements pour qu'il paraisse mieux, explique le réalisateur. Mais nous ne voulions pas qu'il ait l'air d'un imposteur, tient-il à ajouter. Nous nous sommes toujours référés au personnage de 1995. Nous voulions conserver le design de la production originale.»

Par exemple, la peau du Woody amélioré présente une teinte légèrement plus foncée, ses paupières sont moins lourdes et ses mains paraissent plus souples, moins rigides. Dans son dos, l'anneau permettant de tirer la corde qui fait dire à la poupée sa phrase fétiche - «il y a un serpent dans ma botte» - est beaucoup plus gros. Et le jeune cowboy n'est pas le seul à être passé sous le bistouri. Tous ses amis ont subi le même sort.

Des nouveaux venus

Pour leur part, les nouveaux personnages qui se joignent à l'action de ce troisième tome ont donné moins de fil à retordre à l'équipe de production, souligne Jason Katz, superviseur de l'histoire de Toy Story. Comme ils n'apparaissent pas dans les deux premiers films, Barbie, Ken, Big Baby ou encore Lotso l'ours en peluche n'avaient pas de paramètres physiques à respecter.

Par ailleurs, l'entrée en scène de nouveaux jouets a mis une pression supplémentaire sur les épaules du réalisateur qui voulait s'assurer que leur présence ne soit pas superflue et qu'elle serve bien l'histoire. «Nous avions besoin de nouveaux personnages pour la garderie, explique Lee Unkrich. Mais c'était également important de rester dans l'histoire de Woody, le personnage central.»

Et l'arrivée de nouveaux héros dans l'intrigue a coïncidé avec la réalisation de nouveaux effets et mouvements qui étaient impossibles à recréer auparavant. Par exemple, pour la première fois depuis l'avènement de Toy Story, on a réussi à reproduire un câlin entre deux personnages. Ainsi, à quelques reprises dans le film, Lotso l'ours en peluche rose laisse libre cours à sa vraie nature en faisant des accolades.

Puis, l'ajout de Barbie à la distribution permet à l'histoire de bénéficier de la présence d'un personnage féminin fort, croit le réalisateur. «Nous voulions une Barbie forte et intelligente», mentionne-t-il. Mission accomplie, car, même si la jolie blonde n'a rien perdu de sa coquetterie et qu'elle raffole des différents costumes de son acolyte Ken, elle sera plus d'une fois utile à ses compagnons d'armes.

Et que dire de Ken, son pendant masculin? «Je pourrais dire qu'il est stupide mais ce serait trop insultant, lance sourire en coin l'acteur Michael Keaton, celui qui prête sa voix au copain de Barbie. Il est juste un peu lent», se ravise-t-il ensuite.

Aux journalistes qui lui rappellent que Ken est beau et qu'il possède de beaux costumes, Michael Keaton répond d'un ton ironique: «Il est beau, mais à l'intérieur...»

Toy Story 3 prend l'affiche le 18 juin.

Les frais de ce voyage ont été payés par Disney.

 À lire aussi:

Bienvenue à la garderie Pixar

Dans la peau de Ken et Barbie