Arthur Penn, le réalisateur de Bonnie and Clyde et Little Big Man (Les extravagantes aventures de visage pâle), est décédé mardi soir, au lendemain de son 88e anniversaire, a-t-on appris auprès de ses proches.

Le cinéaste américain est mort chez lui, à Manhattan, d'une insuffisance cardiaque, a rapporté sa fille Molly Penn. Il était malade depuis environ un an, a expliqué son ami de longue date Evan Bell.

Arthur Penn était le frère cadet du photographe Irving Penn, décédé en octobre 2009.

Il avait commencé sa carrière comme metteur en scène de théâtre à Broadway avant de passer au cinéma dans les années 1960.

Ses films ont fait et défait des mythes. Bonnie and Clyde, avec son mélange d'humour et de grabuge, a attiré la sympathie des spectateurs sur le couple de truands, tandis que Little Big Man a raconté la conquête de l'Ouest avec les Indiens dans le rôle des gentils.

Arthur Penn a également dirigé Anne Bancroft dans The Miracle Worker (Miracle en Alabama), inspiré de la vie d'Helen Keller, une adolescente aveugle, sourde et muette. L'actrice a obtenu un Oscar pour son interprétation de l'éducatrice qui enseigne le braille à la jeune handicapée et l'ouvre progressivement au monde.

Il a aussi réalisé Missouri Breaks (Le duel des géants), un western avec Marlon Brando et Jack Nicholson, et Night Moves (La Fugue), un thriller avec Gene Hackman.

Son nom reste surtout associé à Bonnie and Clyde (1967), qui ne lui était pourtant pas destiné au départ. Le film, inspiré par la Nouvelle Vague française, avait d'abord été proposé à François Truffaut et Jean-Luc Godard. Arthur Penn, au début, n'en voulait pas. C'est son acteur Warren Beatty, qu'il avait dirigé un peu plus tôt dans Mickey One, qui l'a convaincu.

Faye Dunaway jouait Bonnie au côté du séduisant Clyde, interprété par Warren Beatty. À l'écran, l'épopée meurtrière des deux amoureux devenait une dénonciation virulente des banques qui avaient ruiné les fermiers pendant la Grande Dépression.

Le film, finaliste pour huit Oscars, est considéré par beaucoup comme l'aube de l'Âge d'or de Hollywood, cette période où l'ancien système des studios a commencé à s'effondrer et où les acteurs et les réalisateurs ont pris le contrôle créatif. Parmi eux: Arthur Penn et Warren Beatty mais aussi Robert Altman et Martin Scorsese.

Cependant, le film dont Arthur Penn était le plus fier était Little Big Man (1970), avec Dustin Hoffman en unique survivant de la bataille de Little Big Horn. Cet anti-western décrivait notamment des exactions de l'armée américaine contre les Indiens, et ce, en pleine guerre du Vietnam.