Robert Pattinson, la star de Twilight, dans un film de genre réalisé par les deux frères Joshua et Ben Safdie, quasiment inconnus en France: la génération montante du cinéma américain a débarqué jeudi à Cannes, avec Good Time, plongée sous adrénaline au cours d'une nuit new-yorkaise.

Mise en scène fiévreuse, bande-son électro et couleurs flashy: les benjamins de la compétition (33 et 31 ans) ont électrisé une partie de la Croisette avec leur histoire de braquage qui tourne mal et de contre-la-montre pour faire évader un des malfaiteurs.

Connie (Robert Pattinson) et son frère Nick, souffrant de retard mental (Ben Safdie lui-même), braquent une banque en plein jour. Tout se déroule selon leurs plans jusqu'à ce que Nick se fasse repérer par la police, puis arrêter.

D'une abnégation totale, son frère va tenter de le sortir de là, au cours d'une nuit folle qui va le mener chez un receleur, dans un parc d'attraction ou encore dans l'appartement d'une grand-mère vivant avec sa petite-fille de 16 ans.

Une virée nocturne qui n'est pas sans rappeler le After Hours de Martin Scorsese, plongée hallucinante et pleine de rencontres dans le New York des années 80, et Mean Streets du même réalisateur, pour son tableau du milieu interlope.

Connie est «un personnage amoral qui est soudainement forcé de prendre soin» de quelqu'un, a décrit Robert Pattinson en conférence de presse. Saluée par une partie de la critique, sa performance nerveuse est la «meilleure de toute sa carrière», selon le site IndieWire.

L'acteur de 31 ans, longtemps chouchou des adolescentes pour son rôle de vampire dans Twilight, avait déjà été remarqué dans The Lost City of Z de James Gray, sorti en début d'année sur les écrans français.

Un rôle vu comme une nouvelle étape vers des oeuvres plus risquées, comme ce fut le cas avec des films de David Cronenberg Cosmopolis (2012) et Maps to the Stars (2014), présentés à Cannes.

Casting de rue

Aux côtés de la star apparaît également l'actrice Jennifer Jason Leigh, qui a fait son grand retour au cinéma en 2015 chez Tarantino, dans Les huit salopards.

En dehors de ces deux têtes d'affiche, le reste de la distribution est composé d'acteurs peu connus comme Buddy Duress, une «gueule», habitué des frères Safdie et ancien délinquant, ainsi que des figurants découverts lors de castings de rue.

Une particularité qui confère force et véracité au portrait de New York, en particulier du quartier de Queens, situé en face de Manhattan et à l'image un peu banlieusarde.

Le film peut aussi compter sur une bande-son sophistiquée grâce au musicien expérimental Oneohtrix Point Never qui s'est associé à l'icône rock Iggy Pop, dont la voix hante la fin du film dans une séquence très émouvante.

Purs produits new-yorkais, les frères Safdie ont jusqu'ici réalisé des films explorant les failles de l'âme humaine et la notion d'échec dans nos sociétés.

Après le portrait d'un père à la fois aimant et irresponsable dans Daddy Longlegs, leur premier long métrage en 2009, inspiré de leur géniteur, ils ont réalisé plusieurs films dont Mad Love in New York sur une toxicomane. Une oeuvre qui respirait l'urgence et l'empathie.

Un sentiment également perceptible dans Good Time, film de braquage certes mais aussi portrait en creux d'une famille défaillante et d'une amitié entre frères.