À partir de la fin des années 70, l'été est devenu la saison la plus lucrative, mais aussi la plus compétitive dans l'industrie du cinéma nord-américain. Cet été, nous vous proposons une analyse de six succès qui ont chacun marqué l'histoire à leur manière.

Peu de mariages institutionnels se portent mieux au Québec que celui entre la police et l'industrie du cinéma. De fait, les deux films québécois les plus populaires sont des comédies policières : Bon cop, bad cop (2006) et De père en flic (2009).

Émile Gaudreault, réalisateur et coscénariste (avec Ian Lauzon) de De père en flic, impute le succès de son film à son « casting événementiel », notamment. L'humoriste chouchou du Québec Louis-José Houde, dont il s'agissait d'un premier rôle principal au cinéma, croisait le fer avec le vétéran Michel Côté, autant à l'aise dans la comédie populaire (les Cruising Bar) que dans le drame (Piché : entre ciel et terre).

Le teaser et la bande-annonce du film, généralement bien reçus par le public, ont « rempli leurs promesses », ajoute M. Gaudreault. Mais selon lui, c'est surtout le bouche-à-oreille qui a cimenté l'extraordinaire succès du film : « On a fait environ 10 fois le box-office de la première fin de semaine. » Un exploit en soi, lorsqu'on considère que le week-end d'ouverture représente plus ou moins le quart d'un box-office total typique. De père en flic a finalement engrangé 10,5 millions de recettes, ce qui lui vaut la deuxième place historique au Québec derrière Bon cop, bad cop et ses 10,6 millions.

RECETTE

Pendant qu'Émile Gaudreault surfait sur le succès de son film, il a été approché par des observateurs et des journalistes : « Ils m'ont dit : "C'est facile, tu as fait une comédie policière, c'est une recette qui marche." Et puis, l'année d'après, il y a L'appât qui sort, une comédie policière avec un humoriste connu, Rachid Badouri, et Guy A. Lepage. Ça n'a pas vraiment fonctionné. »

Les recettes miracles n'existent tout simplement pas. M. Gaudreault lui-même a tenté de répéter l'expérience avec un projet subséquent, comme l'explique Charles-Henri Ramond, critique à la revue Séquences et responsable du site filmsquebec.com. « Avec Le sens de l'humour [2011] - qui mettait en vedette le même duo de comédiens -, on a vu qu'à trop vouloir reproduire les codes du succès, les résultats pouvaient être très différents. Car même si le succès a été au rendez-vous avec plus de 360 000 entrées en salles, il ne se situe qu'au tiers de celui atteint par De père en flic (1 242 378). »

Un box-office faramineux ne serait-il simplement qu'une question de qualité et d'originalité ? « De père en flic est fort bien écrit, ce qui fait peut-être défaut à plusieurs comédies populaires sorties récemment, analyse M. Ramond. Le film possède les atouts nécessaires : de l'humour avec des dialogues qui font mouche à tout coup, de l'action avec la gang de Hells qui nous rappelle l'histoire judiciaire récente du Québec et de l'introspection - sur un mode mineur, certes - avec la reconnexion familiale. De père en flic est donc un film complet, qui sait doser adroitement ses divers ingrédients narratifs. La comédie parfaite en quelque sorte. »

EN CHIFFRES

• Sortie : 8 juillet 2009 sur 120 écrans

• Diffusé pendant 21 semaines consécutives

• Box-office final au Québec : 10 543 792 $ (source : Cinéac)

• Entrées au Québec : 1 242 378 (source : Institut de la statistique du Québec)