Chez Ferrari, rien n'est comme ailleurs. Parmi les nombreux exemples de cette unicité, on peut dire qu'il s'agit du seul constructeur automobile qui n'a pas besoin de faire de la publicité pour vendre ses voitures. Au contraire, les acheteurs doivent s'armer de patience avant d'arriver à mettre la main sur la plus récente création de la réputée marque italienne.

C'est le cas notamment de la nouvelle 458 Italia, notre voiture d'exception du mois, dont le carnet de commandes dépasse et de beaucoup le nombre de véhicules assignés par l'usine de Maranello à son seul concessionnaire de la province, Ferrari Québec. Au chapitre de l'offre et de la demande, cette 458 est sans doute l'une des Ferrari les plus populaires de tous les temps. Pourquoi?

Si l'on fait exception des amis de la marque qui tiennent mordicus à être parmi les premiers à conduire le dernier modèle à la mode, c'est cette primauté dans les performances qui demeurent l'attrait principal de la 458. Pour l'aficionado, peu d'arguments sont aussi convaincants que le meilleur temps d'accélération de 0 à 100 km/h (3,4 secondes) dont la voiture est créditée.

Des valises à 8000$

Pour d'autres, il suffira d'un petit galop d'essai dans les rues de Mont-Royal en compagnie du président de Ferrari Québec, Umberto Bonfa, pour convaincre le plus hésitant des acheteurs.

Un seul passage de la première à la deuxième vitesse de la boîte Getrag à sept rapports et double embrayage et le tour est joué: le client est fin prêt à assumer le paiement d'environ 275 000$ pour réserver sa propre 458.

Et ce prix exclut la multitude d'options coûteuses que le vendeur fera miroiter à l'acheteur. Le simple fait de choisir un compte-tours sur fond blanc, par exemple, vous coûtera au moins 600$, sinon plus. Un cuir bicolore pour l'intérieur vous appauvrira plus sérieusement, mais jamais autant qu'un ensemble de valises spécialement conçu pour les coins et recoins de la voiture et facturé 8000$.

Ferrari Québec a même aménagé dans ses nouveaux locaux une «salle d'essayage» où l'on peut comparer le confort des divers sièges offerts, la forme du volant et une variété interminable de tissus dans toutes les combinaisons de couleurs.

Si l'on choisit d'évaluer une Ferrari froidement en laissant de côté toute l'admiration que chaque chroniqueur auto nourrit devant les chefs-d'oeuvre du constructeur italien, il faut bien reconnaître qu'une 458 Italia n'est pas une voiture de sport pour tout le monde.

Même si les Ferrari d'aujourd'hui sont moins capricieuses que les anciennes et que la 458 fait de son mieux pour tempérer son comportement hyper sportif, ce n'est pas encore la voiture au volant de laquelle on vaque à ses occupations quotidiennes. Trop bruyante, d'un accès malaisé, d'une habitabilité réduite, d'un confort restreint, cette 458 s'apprécie davantage au moment d'une randonnée à la campagne, préférablement sur des routes dernièrement réfectionnées.

Rien n'est plus grisant que d'écouter le son du V8 qui vous pousse dans le dos pendant que l'on essaie de découvrir la limite d'adhérence des immenses pneus Michelin de 20 pouces qui chaussent la 458. Malgré tout, si l'on veut faire de sa Ferrari une voiture de tous les jours, vaut mieux se tourner vers une 599, une 612 ou le récent coupé/roadster California.

Photo: Jacques Duval, collaboration spéciale

Le poste de pilotage de la 458 avec son volant à méplat moitié cuir, moitié fibre de carbone, son compte-tours à fond rouge et sa kyrielle de commandes dont le fameux manettino.

Vocation ultra-sportive

Pour les purs et durs, toutefois, bien d'autres arguments plaident en faveur de la 458 Italia, dont le meilleur rapport cylindrée/puissance de son V8 atmosphérique de 4,5 litres. Avec ses 570 chevaux, il atteint une valeur record de 127 chevaux au litre qui confirme la supériorité de Ferrari en tant que motoriste.

J'ajouterais que ce moteur qui exhibe fièrement sa culasse rouge sous un panneau de plexiglas derrière l'habitacle peut endurer un régime maximal de 9500 tr/min, un autre exploit de l'entreprise italienne. À part des moteurs destinés à la compétition, rares sont les groupes propulseurs de série qui peuvent tourner jusqu'à 9500 tr/min sans s'autodétruire et disperser dans le décor soupapes, bielles et autres précieux organes mécaniques.

J'ai souvent écrit de certains modèles haute performance qu'ils étaient ce qu'il y avait de plus près d'une voiture de course pour la route. Or, la 458 m'oblige à répéter les mêmes commentaires. Que ce soit son aérodynamisme étudié pour obtenir une charge verticale de 140 kg à 200 km/h, la pugnacité de son V8 ou l'indéfectibilité des freins en carbone-céramique, rien ne saurait être plus près d'une voiture de course. Même l'aménagement intérieur conçu par Michael Schumacher place toutes les commandes sur le volant. Au début, rien ne semble moins ergonomique que des clignotants commandés par des boutons sur les branches du volant, mais on finit par se familiariser avec ce nouvel environnement.

Le volant comprend également une petite manette appelée manettino qui sert de réglage pour les quatre modes d'amortissement offerts: normal, sport, race et «à vos risques et périls», c'est-à-dire le mode qui annule toute aide au conducteur en déconnectant les systèmes de sécurité. Encore là, on n'est plus très loin de la route à la piste.

À l'heure actuelle, aucun autre constructeur, y compris McLaren, n'est en mesure d'offrir une voiture bénéficiant, même de façon lointaine, des enseignements de la course automobile. C'est là une autre des caractéristiques qui font de Ferrari une marque exclusive à bien des égards.

Photo: Jacques Duval, collaboration spéciale

Le V8 central de 570 chevaux n'a pas à rougir de la puissance la plus élevée au litre de toute l'industrie automobile. Rares sont les groupes propulseurs de série qui peuvent tourner jusqu'à 9500 tr/min sans s'autodétruire.