Après avoir investi dans la bourse, l'immobilier et le marché de l'art, les milliardaires émiratis paient maintenant des fortunes pour acheter des plaques d'immatriculation spéciales.

Etablissant un nouveau record mondial en la matière, Saïd Khouri a ainsi dépensé 52,2 millions de dirhams (14,2 millions de dollars) samedi soir, lors d'une vente aux enchères à Abou Dhabi, pour une plaque minéralogique portant simplement le chiffre «1».

Cette somme «n'est pas énorme par rapport à la fortune de ma famille», a-t-il déclaré à l'AFP, trouvant le prix «très normal».

«Après tout, qui ne veut pas être le numéro un?», a-t-il demandé, rappelant qu'il avait déjà payé 2,17 millions USD pour une plaque portant le numéro 11 lors d'une précédente vente aux enchères.

Il a indiqué qu'il ne comptait pas utiliser sa nouvelle plaque d'immatriculation, ni la revendre pour le moment, car il s'est dit «persuadé que son prix (allait) doubler dans un an ou deux, voire avant».

L'heureux propriétaire, la vingtaine, a raconté que sa famille avait fait fortune dans la bourse et l'immobilier.

Organisées avec le soutien de la police d'Abou Dhabi, les enchères de samedi, dont les recettes sont dédiées à des projets caritatifs, au rang desquels la construction d'un hôpital pour les victimes des accidents de la route, ont permis de recueillir un total de 89 millions de dirhams (24,2 millions USD) grâce à la vente de 90 plaques d'immatriculation.

«Nous avons cherché l'objet à la fois le plus petit et qui fait le plus de bruit. Et la plaque d'immatriculation s'est avérée le meilleur choix», a déclaré à l'AFP le directeur d'«Emirates Auction», Abdallah Mannaï, dont l'entreprise a collecté quelque 80 millions USD au cours des six ventes aux enchères organisées depuis mai.

«Les Emiratis aiment les voitures et tout ce qui à trait aux voitures, comme ils aiment les actions de bienfaisance», a-t-il ajouté en référence aux fréquentes enchères à caractère caritatif organisées dans ce richissime pays pétrolier, qui bénéficie de l'envolée phénoménale des cours du brut.

«C'est une première mondiale que de mettre le numéro 1 aux enchères», ce numéro étant réservé ailleurs au véhicule du chef de l'État, a-t-il encore dit.

Les plaques mises aux enchères font partie d'une série spéciale créée à cet effet par la police d'Abou Dhabi.

«L'heureux acheteur d'un numéro en devient propriétaire à vie: il peut le revendre, l'offrir ou le céder. Il est libre», a souligné M. Mannaï, présentant cette activité comme un investissement.

Abou Dhabi détient les sept premières places pour les plaques les plus chères au monde, a-t-il précisé.

L'événement, qui s'est déroulé dans l'hôtel le plus luxueux de la ville, a donné lieu à une vive compétition.

Sur une estrade, avaient été placées une Mercedes et une Ferrari portant les numéros respectifs 1111 et 100, vendus 632.000 USD pour le premier numéro et 768 000 USD pour le second.

Puis est venu le tour de la fameuse plaque numéro 1...

Les enchères se sont rapidement accélérées, chaque nouvel intervenant ajoutant à chaque fois un million de dirhams (274 000 USD), pour laisser seulement deux prétendants, dont Saïd Khouri, qui a fini par avoir le dernier mot.

«J'étais disposé à payer 100 millions de dirhams (27,4 millions USD)», a-t-il dit à l'AFP.

Le précédent record mondial était détenu par son compatriote Talal Khouri, qui avait dépensé la bagatelle de 6,86 millions USD en mai pour le numéro 5.

Même les enfants se laissent gagner par cette fièvre des enchères pour ces plaques.

Un Emirati de 10 ans, Houzaa Hammad, a ainsi acquis samedi le numéro 51 pour 2,15 millions de dirhams (585 000 USD).

«Je l'utiliserai sur la voiture que je conduirai lorsque je serai grand, une Ferrari grise», a confié Houzaa, dont le père a fait fortune dans le bâtiment.