Dieter Zetsche, le PDG de DaimlerChrysler, subira probablement des pressions aujourd'hui de la part des investisseurs, qui souhaitent voir des progrès dans le projet de vente de la division américaine Chrysler non rentable.

Dieter Zetsche, le PDG de DaimlerChrysler, subira probablement des pressions aujourd'hui de la part des investisseurs, qui souhaitent voir des progrès dans le projet de vente de la division américaine Chrysler non rentable.

M. Zetsche, qui s'était attiré des éloges l'an dernier lors de l'assemblée annuelle de l'entreprise pour avoir réussi à augmenter les ventes de Chrysler, rencontrera les actionnaires à Berlin à l'occasion de ce qui pourrait être la dernière assemblée annuelle de la compagnie issue de la fusion Daimler/Chrysler.

Le 14 février dernier, M. Zetsche avait indiqué que «toutes les options sont sur la table» en ce qui concerne Chrysler après que la division eut subi une perte de 1,5 milliard US en 2006.

Juergen Schrempp, le prédécesseur de M. Zetsche à la tête de Daimler, avait acquis Chrysler il y a neuf ans au prix de 36 milliards US dans un effort pour combiner les berlines de luxe Mercedes-Benz et les camionnettes Dodge. Selon les analystes, Chrysler ne vaut plus maintenant qu'environ 6 milliards US parce que la division a perdu des parts de marché aux mains de Toyota, qui fabrique des véhicules moins gourmands.

Blackstone Group et Centerbridge Capital Partners projettent de soumettre une offre pour Chrysler, indiquaient des sources le 30 mars dernier.

Magna est interessée

Parmi les offrants potentiels pour Chrysler, on compte aussi Magna International, le fabricant canadien de pièces d'autos, et Cerberus Capital Management.

«Nous avions dit dès le départ que deux constructeurs d'automobiles très différents comme Mercedes et Chrysler n'allaient pas bien ensemble», lance Juergen Graesslin, chef de la Critical Shareholders of DaimlerChrysler Association, qui a voté contre le rachat de Chrysler lors d'une assemblée extraordinaire des actionnaires en 1998. «Les marchés de produits de première qualité et de masse sont incompatibles», ajoute-t-il.

Le titre de DaimlerChrysler a grimpé de 26 % depuis le 14 février dernier. Toutefois, l'action de la compagnie s'est dépréciée d'environ 15 % depuis le premier jour de transaction après le rachat de Chrysler.

M. Zetsche, 53 ans, qui a été à la tête de Chrysler, de Auburn Hills, au Michigan, pendant cinq ans jusqu'en septembre 2005, a éliminé 40 000 emplois au cours de son règne. En février dernier, il faisait savoir que 13 000 emplois supplémentaires disparaîtraient et que la compagnie allait fermer une usine au Delaware.

Dans une note datée du 16 mars dernier, Stefan Burgstaller, un analyste de Goldman Sachs à Londres, soulignait que la vente de Chrysler pourrait rapporter jusqu'à 6 milliards US.

Motion de défiance

De son côté, le groupe dirigé par M. Graesslin a ajouté une motion de défiance à l'ordre du jour de l'assemblée d'aujourd'hui, indiquant qu'il avait souligné à la direction de la compagnie en 1998 que la fusion se traduirait par des pertes d'emplois.

En réaction, la compagnie avait alors soutenu «qu'il n'y a aucun danger de pertes d'emplois. DaimlerChrysler sera créée par la fusion de deux compagnies en bonne santé.»

En plus des 40 000 emplois éliminés chez Chrysler au cours des neuf dernières années, environ 9000 postes ont été sabrés chez Mercedes.

À l'heure actuelle, DaimlerChrysler procède également à l'élimination de 6000 autres postes de cadres et administratifs, principalement en Allemagne. La division de camions a aussi réduit son effectif il y a quatre ans à la suite d'une baisse de la demande aux États-Unis.

L'avenir de Chrysler sera le principal sujet abordé lors de l'assemblée annuelle, soutient Klaus Kaldemorgen, chef de la division de fonds communs de placement de Deutsche Bank, qui gère l'équivalent de 338 milliards US, y compris des actions de DaimlerChrysler.

«La vente de Chrysler sera le sujet le plus important, ajoute-t-il. Ça prendra du temps pour conclure un marché. Mais une fois que M. Zetsche aura trouvé un acheteur, il y a aura un effet positif sur le prix de l'action.»