Les voitures diesel séduisent de plus en plus de conducteurs Américains, longtemps réticents à acheter ces véhicules considérés comme «puants et bruyants».

En mai, 9000 voitures diesel ont été vendues aux États-Unis, selon le cabinet Baum and Associates. C'est peu par rapport au million de véhicules vendus chaque mois dans le pays, mais cela représente une augmentation de 34% par rapport à l'année précédente.

La pénurie du modèle hybride Prius, dont la production au Japon par Toyota a été fortement perturbée par le séisme, explique en partie cette hausse.

Mais plus généralement, la mauvaise réputation du diesel aux États-Unis --émanations à l'odeur jugée repoussante, peu de points de vente de carburant-- évolue.

«Pour beaucoup de consommateurs, le diesel c'est encore la vieille voiture puante et bruyante de grand-père», note Jesse Tropak, consultant pour TrueCar.com. C'est pourquoi ce type de véhicules, présent depuis des décennies aux États-Unis, ne représente jusqu'à présent que 1% des ventes de voitures, 4,5% en incluant les camionnettes.

Mais aujourd'hui les voitures diesel sont plus propres et plus puissantes, estime Jeremy Anwyl, spécialiste à Edmunds.com. Conduire une diesel, c'est désormais «comme conduire une voiture normale».

Selon Baum and Associates, le marché devrait grossir pour représenter jusqu'à 6,5% des ventes aux États-Unis, «toute la croissance provenant des ventes de petits véhicules, ce qui signifie que le 1% passera à 2,5 ou 3%».

Selon une autre estimation, celle du cabinet JD Power and Associates, le marché représente 3,1% en 2011 et devrait atteindre 7,4% en 2017.

L'argument qui incite de nombreux Européens à se tourner vers ce type de véhicules --une consommation réduite de carburant-- fait aussi mouche auprès des Américains, déjà séduits par la voiture hybride de Toyota.

«Il n'y a plus de Prius à acheter en ce moment», souligne M. Anwyl. «Cette réduction de l'offre se traduit par une hausse des prix, et par conséquent les alternatives deviennent plus attractives.»

Volkswagen espère en tirer parti. Son modèle Jetta, produit au Mexique, est déjà le diesel le plus vendu aux États-Unis (5000 unités vendues en mai) et le groupe prévoit une motorisation diesel sur un quart de la production qui sortira de sa nouvelle usine, ouverte en mai dans le Tennessee (sud).

Cette évolution du marché satisfait le ministre américain des Transports, Ray LaHood.

«Si un tiers des véhicules aux États-Unis étaient des diesel, nous économiserions 1,4 million de barils par jour», soit «l'équivalent de nos importations d'Arabie saoudite», a-t-il fait valoir lors de l'inauguration de l'usine.

Autre raison jouant en faveur des diesel: les évolutions technologiques, notamment l'apparition de carburant à faible taux de soufre, ont permis de réduire les émissions de ces véhicules et de répondre ainsi à la réglementation américaine.

Auparavant, certains États comme la Californie n'autorisaient pas la vente de tous les modèles de diesel à cause du non-respect de leurs normes environnementales.

Certains éléments jouent encore en défaveur de ce type de voiture, dont le prix du carburant. Longtemps moins cher que l'essence, le diesel a récemment augmenté suite à la hausse des taxes et à un marché devenu trop petit pour les raffineurs.

Le prix d'achat des véhicules, supérieur de 10% à celui des voitures fonctionnant à l'essence ordinaire, entrave aussi l'expansion des diesel.

Les fabricants hésitent à introduire de nouveaux modèles sur le marché, estime M. Tropak de TrueStar.com, qui prévoit toutefois une hausse des ventes cette année.