C'est à Montréal que la chanteuse néo-écossaise Ria Mae, originaire d'Halifax, a connu ses premiers succès à la radio commerciale, notamment grâce à sa chanson Clothes Off. C'est aussi au Québec, dit l'artiste queer en entrevue, qu'elle a finalement trouvé son propre style musical. Vendredi soir, elle fait la première partie de Nelly Furtado dans le cadre du festival LGBT Fierté Montréal.

Vous avez commencé votre carrière en Nouvelle-Écosse, mais c'est à Montréal que vous avez pris un nouveau virage musical il y a quelques années, ce qui vous a d'ailleurs menée jusqu'à une sélection aux Juno. Pourquoi aviez-vous choisi de vous installer à Montréal ?

J'ai grandi à Halifax et chaque fois qu'on allait à Montréal, je n'avais que quelques heures en ville. Pourtant, c'est là que je me sentais vraiment moi-même, encore plus que n'importe où ailleurs. [C'est pourquoi] j'ai décidé d'y emménager pour quelques mois. C'est à Montréal que j'ai finalement écrit mon premier album, paru l'an dernier, et c'est aussi là que ma musique a été jouée pour la première fois à la radio commerciale, notamment sur Virgin et The Beat.

Habitez-vous toujours à Montréal ?

Pas pour l'instant. Je travaille sur un album en ce moment à Toronto, donc c'est là que je vis pour le moment.

Plusieurs musiciens ont dit par le passé qu'ils étaient influencés par Montréal, mais comment est-on réellement influencé par une ville ? Est-ce en raison de ses citoyens, de sa culture, des musiciens ? Pour vous, cette influence montréalaise, d'où venait-elle ?

Je ne peux pas dire que j'ai été vraiment influencée par la communauté de musiciens qui habitent à Montréal. En fait, quand j'y habitais, j'étais souvent seule. Je ne connaissais personne, alors j'allais dans les cafés, je me promenais au parc La Fontaine. Je pense [que l'influence vient] des étrangers que je rencontrais, de la beauté et de la fierté qu'on ressent au Québec.

Vous avez dit par le passé en entrevue que votre musique avait beaucoup changé depuis vos débuts à Halifax. Comment avez-vous évolué artistiquement ?

Halifax a une belle scène musicale acoustique. J'ai longtemps essayé d'y faire ma place, mais finalement, je n'aurais pas dû, car ce n'était pas qui je suis. C'est en venant à Montréal que je me suis posé la question « qu'est-ce que je veux vraiment faire ? » J'ai le choix maintenant d'être qui je veux. C'est là que j'ai pris un virage plus pop et hip-hop. Avant, j'essayais trop d'être sérieuse. Au Québec, j'ai appris à laisser libre cours à ma folie.

Vous avez sorti cette semaine un nouveau clip vidéo pour la chanson Bend, réalisé par le cinéaste terre-neuvien Stephen Dunn. Pourquoi avez-vous choisi de travailler avec lui ?

La première fois que j'ai entendu parler de Stephen Dunn, j'étais sur un vol en direction de Vancouver. Je suis tombée par hasard sur son film, Closest Monster. Je n'avais pas entendu parler de lui auparavant et j'ai adoré chaque seconde du film. Plus tard, en parlant avec un ami du fait que je voulais tourner un clip qui soit queer et cool, et me demandant qui au Canada pourrait avoir envie de faire ça avec moi, il m'a suggéré de contacter Stephen Dunn, ce que j'ai fait ! Je lui ai envoyé un courriel où j'étais peut-être un peu trop fan, disons... Mais peu importe, son équipe m'a répondu, puis on s'est parlé et nos disponibilités concordaient ! Il avait une idée de clip [qui me plaisait], où je devais danser. Je n'avais jamais dansé auparavant... J'ai finalement vraiment eu du plaisir à le suivre dans sa vision artistique.

Vendredi soir, dans le cadre de Fierté Montréal, vous faites la première partie de Nelly Furtado. Étant donné que vous jouez dans le cadre d'une grande célébration LGBTQ et que vous êtes vous-même ouvertement queer, jugez-vous que vous avez une responsabilité en tant que personnalité publique et en tant qu'artiste d'affirmer haut et fort qui vous êtes, afin d'être un modèle ?

Qu'on soit une personnalité publique, un artiste ou non, je pense qu'on a une certaine responsabilité envers les plus jeunes. Personnellement, je ne suis pas particulièrement douée quand vient le temps de m'exprimer clairement sur ça, c'est pour ça d'ailleurs que j'écris des chansons. Je ne peux pas m'exprimer uniquement par la parole. Mais d'être qui je suis, de le dire, de faire la promotion que c'est OK d'être [authentique] et soi-même, c'est super puissant pour ceux qui le voient et l'entendent.

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Ria Mae, en concert vendredi soir, à 20 h, dans le cadre de Fierté Montréal, en première partie de Nelly Furtado, au parc des Faubourgs, près du métro Papineau. L'entrée est gratuite.