Le couplet de Kendrick Lamar sur la pièce Like That a piqué J. Cole. Le MC de Fayetteville, en Caroline du Nord, répond avec un album de 12 chansons qui offre plus qu’une simple riposte.

Might Delete Later, lancé sans avertissement à minuit vendredi, s’amorce avec force. Mais commençons par la fin, car c’est sur la dernière piste que J. Cole réplique directement à Kendrick Lamar.

Dans les discussions – futiles, à notre avis – qui tentent de déterminer qui sont les meilleurs rappeurs vivants, les noms de Kendrick, Drake et J. Cole reviennent souvent. Ce dernier a d’ailleurs proclamé qu’ils formaient le big three sur First Person Shooter, parue sur For All the Dogs, de Drake.

Pas du même avis, Kendrick a assuré qu’il est seul au sommet sur Like That, morceau phare de We Don’t Trust You, de Future et Metro Boomin, lancé il y a deux semaines.

Estimant que les belles années du MC de Compton sont derrière lui, Jermaine Cole réplique sur 7 Minute Drill – qui dure 3 min 32 s… – en lançant entre autres « I came up in the ’Ville, so I’m good when it’s tension / He still doing shows, but fell off like The Simpsons ». Puis, il s’attaque au plus récent album de Lamar, Mr. Morales & the Big Steppers : « Your first shit was classic, your last shit was tragic ». Le diss record, qui passe d’un beat moyen de T-Minus à une magnifique composition de Conductor Williams, compte de nombreuses autres flèches. Aucune d’elles n’impressionne particulièrement. Bien que les pointes ne soient pas aussi directes, le reste de Might Delete Later brûle du même feu.

Le principal avantage de cette férocité est que Cole rappe avec vigueur et intention, son flow n’étant pas toujours inspiré. Puisqu’il est bien meilleur auteur que battle rapper, on écoute attentivement ses perles parfois philosophiques, parfois corrosives, parfois les deux. Exemple sur la superbe Stickz N Stonez produite par Alchemist et Billa Joint : « Sometimes I be flyin’ commercial still / These n****s get rich and become so detached, they music start havin’ that surface feel / Not a subliminal, speakin’ in general, feelings get hurt when words get spilled ».

Le titre de sa nouvelle création évoque la spontanéité, mais on la préfère à d’autres qui auraient possiblement été davantage réfléchies.

Les quatre premiers morceaux, qui portent tous la signature de T-Minus, sont puissants, autant en ce qui a trait aux textes qu’aux rythmes. H.Y.B., avec Bas et Central Cee, et Fever se consomment plus facilement, sans arrière-goût. Pi est surtout l’affaire de Daylyt et d’Ab-Soul, tandis que Stealth Mode et 3001 sont corrects, sans plus. Trae the Thruth in Ibiza, qui précède la conclusion, fait du bien à l’âme.

J. Cole ne sera jamais dans notre top 3, mais sa polyvalence qui se déploie de belle façon sur Might Delete Later est la raison pour laquelle nous allons toujours l’écouter.

Extrait de 7 Minute Drill

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Might Delete Later

Rap

Might Delete Later

J. Cole

Interscope Records

7/10