Notre journaliste se balade dans le Grand Montréal pour parler de gens, d’évènements ou de lieux qui font battre le cœur de leur quartier.

« Ça ne peut pas être plus concept que ça », a lancé Olivier Grant, du Jardin botanique, avant de présenter le quatrième artiste à se produire cet été en spectacle devant la Roseraie.

Flore laurentienne est le titre de l’œuvre du frère Marie-Victorin, qui est à l’origine de la création du Jardin botanique. C’est aussi le nom choisi par Mathieu David Gagnon pour son projet musical instrumental, lui qui a grandi avec la première édition de 1935 annotée par son grand-père agronome dans la bibliothèque familiale.

« En apprenant aux gens les espèces de plantes qui poussent sur le territoire, il a mis des noms sur notre identité », nous a expliqué après le spectacle celui qui vit à Kamouraska et qui est en admiration perpétuelle devant le fleuve Saint-Laurent.

Artiste animée d’une grande sensibilité et érudition – sa quête d’apprentissage l’a mené aux conservatoires de Bordeaux et d’Aubervilliers –, Flore laurentienne est reconnu pour mettre la nature en musique comme le ferait un peintre. Or, Mathieu David Gagnon a évité de trop s’attarder à la grande symbolique d’un spectacle de Flore laurentienne au Jardin botanique. Il a plutôt chéri l’occasion de se remémorer un beau souvenir avec son père, qui n’est plus de ce monde, aux incontournables Papillons en liberté.

Après son spectacle au Festival international de jazz, il a aussi grandement apprécié se produire dans un environnement naturel non contrôlé, lui qui aime par ailleurs créer dans la contrainte pour ne pas se perdre.

Chose certaine, sous les arbres, avec un soleil apaisé par une douce brise, le décor du Jardin botanique ne pouvait mieux se prêter à sa musique, qui mélange orchestrations de cordes et vieux synthés, et qui invite à la contemplation.

En ouverture, le public a pu entendre Fleuve no 1. Des enfants se sont alors spontanément dirigés devant la scène. Des gens avaient apporté leurs chaises de camping. D’autres étaient allongés dans l’herbe.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Le spectacle a su captiver l’attention de ces deux enfants.

« Merci d’être ici si nombreux. Ça fait chaud au cœur », a dit Flore laurentienne à la foule avant d’expliquer ce qu’est une fugue en musique baroque, soit une pièce qui découle d’une seule phrase mélodique, celle que Ligia Paquin a interprétée à l’alto.

Annie Gadbois (violoncelle), Mélanie Bélair (premier violon) et Chantale Bergeron (deuxième violon) complétaient le quatuor à cordes alors que Mathieu David Gagnon gérait à deux mains quatre claviers.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Flore laurentienne avait quatre synthétiseurs sur scène.

« Est-ce que c’est assez Pink Floyd à votre goût ? », a-t-il lancé à la foule avec la douce timidité – laissant deviner sa grande intériorité – qui le caractérise. Pendant les 60 minutes du spectacle, le public a pu entendre Navigation 4, Chatons de saule et une autre pièce intitulée La nuit bleue, qui figurera sur un nouvel album qui sortira à l’hiver, a annoncé Flore laurentienne.

Un cadre intime recherché

La nuit bleue s’inspire d’un tableau de Jean Paul Riopelle.

Il faut savoir que Mathieu David Gagnon a écrit la musique de l’émission balado sur le grand peintre québécois qui aurait eu 100 ans en 2023.

C’est par ailleurs avec Dépeindre Riopelle qu’Émilie Mercure a été séduite par la musique de Flore laurentienne. Son amie Joëlle Choquette et elle en étaient à leur premier spectacle au Jardin botanique. « Flore laurentienne, ça se prête tellement bien à ce contexte-là », a souligné la première. « Je pensais que le spectacle était le soir. C’est encore mieux l’après-midi », a renchéri la deuxième.

Avec les années qui passent, les deux amies fréquentent moins les festivals aux grandes foules denses. « C’est bien d’avoir des contextes plus intimes », souligne Joëlle.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Sept artistes sont programmés cette année au Jardin. Le public a déjà pu voir Louis-Jean Cormier, Milk & Bone et Ouri. Les prochains sont Maude Audet (6 août) et Anachnid (13 août).

À l’inverse, Francine Sicard et René Chartrand sont des habitués de la série de spectacles Les arts s’invitent au jardin. Or, ils découvraient Flore laurentienne. Pour eux, c’était même gratuit avec leur carte Accès Montréal.

De vivre dans le quartier près du Jardin botanique ? « C’est une richesse, vous n’avez pas idée. Nous venons de faire une visite guidée de la bibliothèque Maisonneuve. C’est d’une beauté rare ! »

Le couple a déménagé de Gatineau à Montréal juste avant la pandémie. Un rêve de retraite. Pourquoi ? « Pour la culture », lance Mme Sicard avec un enthousiasme qui en est émouvant pour une journaliste qui tient une rubrique intitulée La vie, la ville.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

René Chartrand et Francine Sicard, deux amoureux de Montréal

« Nous avons 65 ans et plus, donc le métro est gratuit », vante aussi son amoureux qui a grandi dans Verdun.

Le pouvoir des arts, et surtout celui de la musique, nous épatera toujours, et encore plus quand il est magnifié par celui de la nature.

Alors que nous discutions avec Flore laurentienne – après l’heure qu’il a passée à vendre des albums à des membres du public conquis par sa prestation –, une femme a tenu à venir lui dire qu’elle l’avait vu en spectacle quatre fois en moins d’un an.

Prochains rendez-vous

Avis aux intéressés : Flore laurentienne donnera un spectacle au lever du soleil à Saint-Jean-Port-Joli, à 4 h 30 du matin (!), le 20 août, dans le cadre de Chants de marins. Un autre évènement sur mesure pour l’artiste puisque c’est un festival « où la magie du fleuve et la musique se mêlent harmonieusement ».

Du 24 au 26 août, Flore laurentienne précédera aussi Alexandra Stréliski à l’Amphithéâtre Fernand-Lindsay dans une formule extérieure semblable à celle du Jardin botanique.

Or, le prochain grand rendez-vous de musique en plein air est sans contredit celui de l’Orchestre métropolitain mercredi au pied du mont Royal. Ce sera, bien entendu, sous la direction du grand Yannick Nézet-Séguin, et il recevra Alain Lefèvre comme invité spécial. Ce dernier interprétera la pièce Rhapsodie romantique d’André Mathieu. Aussi au programme, des musiques de Dvořák et Jean Coulthard.

C’est gratuit, et on attend 50 000 personnes.

Je vous confirme par ailleurs que Francine Sicard et René Chartrand seront présents.