Eman, d’Alaclair Ensemble, vole véritablement en solo sur son nouvel album, une œuvre qui repose sur sa polyvalence au micro et derrière la console.

Emmanuel Lajoie-Blouin, alias Eman, est un bon joueur d’équipe. Que ce soit au sein des groupes Alaclair Ensemble, Accrophone et Movèzerbe ou sur les beats de Vlopper et de GenericTM, le MC de Québec a toujours réussi à se démarquer.

Il a tout de même démontré sur Maison et 1036 qu’il pouvait façonner des œuvres entières. Eman le prouve davantage sur Le pouvoir de l’esprit est infini alors que celui-ci est plus long que Maison et ne comprend pas autant d’invités que 1036.

Commençons par ceux-ci. Modlee, Valérie Clio, Amen Deniro et Kevin Kevin sont là pour des refrains « radio », Melvin et A$ujet rep le 418 avec conviction sur la neuvième chanson, tandis que ISMA, neveu d’Eman âgé de seulement 16 ans, impressionne par la maîtrise de son flow sur les titres Ensemble et Finalement.

À propos de flow, Eman en emploie une grande variété tout au long des 11 morceaux. Il utilise encore l’autotune et son style mâchonné, mais livre ses rimes avec une rare clarté sur la drill-esque Partout, qui ouvre avec vigueur l’album. On retrouve aussi des sonorités trap, R&B et hip-pop, toutes très achevées. La structure de Lit et de No sweat (nos souhaits) évoque même Timbaland ou Scott Storch du début 2000.

La profondeur des textes correspond à celle de la musique. Ainsi, le rap reste simple et amusant sur les titres mentionnés ci-dessus, mais se raffine notamment sur Your love : « Des fois j’prends tout l’poids du monde pis j’vais m’installer au bench/J’rêve aux chansons qu’t’aurais fais si t’étais encore là man »

Le pouvoir de l’esprit est infini est en quelque sorte la confirmation du vaste talent d’un artiste caméléon. Peu importe le type de beat, il s’adapte, et puisqu’il les a tous composés, on sent que la variété de l’offre est intentionnelle et réfléchie.

L’effet pervers d’une telle décision est que l’album vise dans toutes les directions. La qualité est constante, mais pas l’ambiance. Partout frappe fort pour commencer, mais est suivi par trois pièces plutôt tranquilles. Le même phénomène se reproduit au fil de l’écoute. Ces strophes de Safari Trap illustrent parfaitement notre pensée : « La playlist s’étend des hôtels 5 étoiles aux crappy motels/Des amis qui ont des doctorats pis d’autres qui ont fait 15 ans dans l’jail ».

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Le pouvoir de l’esprit est infini

Rap

Le pouvoir de l’esprit est infini

Eman

Disques 7ième Ciel  

7/10